Arrêté il y a huit ans dans une opération clandestine de la Gendarmerie Royale du Canada pour identifier des enquêteurs corrompus, le criminaliste Gerardo Nicolo a baissé les bras après une longue lutte devant les tribunaux, et a plaidé coupable ce matin à un chef d'avoir tenté d'entraver la justice. En échange de ce plaidoyer, l'autre chef de corruption de fonctionnaire porté contre lui a été abandonné.

Me Nicolo, 48 ans, a été arrêté dans la continuité de l'enquête Clandestin qui avait mené à l'arrestation de la taupe de la GRC, Angelo Cecere, en 2008.

Après l'arrestation de Cecere, la GRC avait eu l'information que des enquêteurs de la police étaient à la solde du défunt chef de clan de la mafia Giuseppe De Vito et que Me Nicolo aurait agi comme messager pour ce dernier.

La GRC a alors élaboré le projet Clandestin 2 et a lâché dans l'entourage de Me Nicolo un agent d'infiltration qui s'est fait passer pour un enquêteur désabusé et maltraité par son employeur, qui voulait donner des informations au crime organisé.

Les policiers ont suivi Me Nicolo pour connaître ses habitudes quotidiennes et faciliter le moment où l'agent d'infiltration ferait sa rencontre. Le téléphone de ce dernier a été mis sous écoute et il a même porté un appareil portatif d'enregistrement (bodypack) durant les rencontres avec l'avocat.

Un jour d'avril 2008, lors d'une conversation dans un cubicule du Palais de justice de Montréal, l'agent a demandé à Me Nicolo «à qui il pourrait s'adresser pour donner de l'information aux Italiens» et l'avocat lui a répondu qu'il pourrait le faire. Notons toutefois qu'il n'y a jamais eu échange d'informations et d'argent entre les deux hommes.

Gerardo Nicolo, et son avocat, Me Michel Pelletier, ont lutté durant huit ans pour tenter de mettre fin aux procédures entamées contre le criminaliste.

La Défense a présenté en tout une douzaine de requêtes, dont la plus récente, une requête en arrêt des procédures dans laquelle la Défense affirmait que l'agent d'infiltration est allé plus loin que le scénario prévu à l'origine, a été rejetée par le juge Claude Leblond de la Cour du Québec. Ce fut le clou dans le cercueil qui a mis fin aux espoirs du criminaliste.

La Défense n'a pu présenter une requête en arrêt des procédures en vertu de la récente décision de la Cour suprême (Arrêt Jordan) sur les délais car elle a été à l'origine de la grande majorité des reports dans ce dossier.

Les représentations sur sentence ont été fixées pour trois jours à la mi-novembre mais les deux parties ont laissé entendre qu'ils pourraient en arriver à une suggestion commune d'ici là. À la suite de ce plaidoyer, Gerardo Nicolo ne pourra plus pratiquer le droit.

La Poursuite était assurée par Me Mario Longpré et Me Richard Audet.

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