Le testament vidéo de deux heures réalisé par le membre des Hells Angels René Charlebois avant qu'il ne se suicide à l'automne 2013 et l'arrestation par la suite du policier ripou Benoit Roberge, qui lui vendait des informations, ont rebondi durant les procédures du procès SharQc, qui a pris fin abruptement vendredi.

La Presse peut maintenant rendre publique cette partie des procédures puisqu'un jugement que le juge James L. Brunton a rendu en novembre 2014 sur une requête de la défense au sujet des propos présumément tenus par l'ex-enquêteur Roberge à René Charlebois n'est plus frappé d'un interdit de publication.

Alors qu'il se filmait, assis sur une chaise berçante, dans un chalet de Sainte-Anne-de-Sorel où il s'était terré quelques jours avant de mettre fin à ses jours, René Charlebois a notamment déclaré que l'ancien policier lui avait dit que toute la preuve de l'enquête SharQc était cousue «de fil en fil», et même que les rapports de police et les carnets des enquêteurs avaient été manipulés, de façon à appuyer le témoignage du témoin-vedette dans cette affaire, l'ancien sergent d'armes des Hells Angels de Sherbrooke devenu délateur Sylvain Boulanger.

Selon Charlebois, Roberge lui a également dit que le témoignage d'un autre délateur qui devait être entendu dans le procès SharQc, Dayle Fredette, avait aussi été préparé de façon à corroborer les dires de Boulanger.

Allégation pertinente

L'automne dernier, le juge Brunton a accueilli la requête de la défense et ordonné la divulgation de vidéos, extraits audio et déclarations écrites de René Charlebois, de Benoit Roberge et d'un homme de confiance du motard, qui a enregistré les deux hommes à l'insu de l'ex-enquêteur, et dont on ne peut dévoiler le nom.

«Dans son analyse du matériel [...], la Cour ne s'est évidemment pas penchée sur la véracité de cette allégation. Pour les fins de la présente requête, il suffit que l'allégation existe. Il est clair que toute allégation de fabrication ou de manipulation de preuve est pertinente au droit des requérants de subir un procès équitable», a écrit le magistrat dans sa décision rendue en novembre 2014.

Les documents n'ont toutefois pas fait l'objet de débats durant les procédures. Dans l'un d'eux, Roberge nie avoir dit à Charlebois que la preuve de SharQc avait été truquée.

En revanche, les documents divulgués que La Presse a obtenus en disent beaucoup sur la relation entre Charlebois et Roberge et le modus operandi des deux hommes. Ils révèlent également beaucoup de contradictions et de faits troublants dans les versions des trois hommes.