Une employée de longue date de la colline du Parlement ayant travaillé au bureau de Mike Duffy a affirmé, mardi, que Gerald Donohue, un ami du sénateur suspendu, avait assumé les frais de son contrat de téléphone cellulaire après que le Sénat eut refusé de les couvrir.

Témoignant au procès de M. Duffy, mardi, Diane Scharf a indiqué que le sénateur «avait déjà quelques téléphones fournis par les communications du Sénat». Mme Scharf a expliqué avoir dit la vérité à son patron: le Sénat allait lui donner un téléphone et le configurer, mais n'allait pas payer les frais de service.

Elle a dit croire que M. Duffy lui avait répondu que Gerald Donohue se chargerait de la rembourser.

La GRC prétend que M. Duffy a mis en place un fonds de 65 000 $ permettant à M. Donohue de couvrir les dépenses que le Sénat refusait d'assumer, comme le maquillage et un entraîneur personnel.

À l'époque, Mme Scharf remplaçait l'adjointe administrative de M. Duffy, Melanie Mercer, qui était en congé de maternité.

Au cours de son propre témoignage, mardi, Mme Mercer a déclaré à la cour qu'on ne lui avait jamais demandé de falsifier les réclamations qui lui étaient soumises.

Les procureurs ont demandé à Mme Mercer, qui a été l'adjointe de M. Duffy entre 2009 et sa suspension du Sénat en 2013, de décrire ce qu'elle a qualifié de procédure habituelle : faire signer des demandes de remboursement de déplacements vierges à l'avance par le sénateur pour faciliter les formalités administratives.

Mme Mercer a souligné avoir écouté les recommandations et que deux adjointes d'autres sénateurs lui avaient appris la marche à suivre. «J'ai suivi leur conseil, a-t-elle affirmé. Cela semblait être une bonne idée à l'époque.»

L'avocat de la défense, Donald Bayn, lui a demandé si elle avait l'intention de frauder l'administration ou les finances du Sénat en posant ces gestes. «Pas du tout», a répondu Melanie Mercer.

Me Bayn a souligné à la Cour que Mme Mercer avait tout simplement fait ce qu'on lui avait recommandé de faire, ce à quoi l'adjointe a répondu par l'affirmative en assurant qu'elle «n'aurait même pas pensé» à agir de la sorte si cela ne lui avait pas été conseillé.

Diane Scharf a pour sa part déclaré qu'elle avait dû s'habituer au rythme de travail rapide dans le bureau de Mike Duffy. Elle devait notamment traiter différents types de réclamations, liées par exemple aux voyages, aux réceptions et aux indemnités de subsistance.

«Le téléphone sonnait, les courriels entraient, le courrier était livré par messager et il envoyait du travail», a-t-elle raconté.

Selon Mme Scharf, le populaire sénateur était très populaire.

«C'était occupé, a-t-elle ajouté. Je ne prenais pas de pause pour dîner. Je mangeais à mon bureau parce que j'avais des choses à faire et (...) parce que les gens voulaient le voir.»

«J'allais vous demander si c'était un emploi à temps plein», a demandé l'avocat de la Couronne Jason Neubauer.

«Et plus encore», a répondu Mme Scharf.

Mme Scharf a raconté à la cour qu'elle recevait des courriels de son patron au petit matin.

«Il travaille 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Il m'envoyait des courriels les samedis et dimanches, a-t-elle confié. Il n'appelait pas pour jaser, c'était toujours le travail.»

Mike Duffy a plaidé non coupable à 31 chefs d'accusation de fraude, de corruption et d'abus de confiance, notamment pour des frais de déplacement à de nombreux événements du Parti conservateur, qu'il a ensuite facturés au Sénat.