Des professeurs d'université, des médecins, des gens d'affaires - et même un ancien brigadier-général américain - mettent tout leur poids et leur réputation derrière le Canadien Omar Khadr, qui souhaite obtenir une libération conditionnelle, alors que le gouvernement le considère comme un dangereux terroriste.

En première ligne de ces appuis: son fidèle avocat, Dennis Edney, et son épouse Patricia, qui ont même offert d'accueillir Khadr chez eux s'il était libéré.

La demande de libération conditionnelle doit être entendue plus tard ce mois-ci lors d'une audience de deux jours en Cour du banc de la reine de l'Alberta. Khadr est incarcéré au pénitencier de Bowden, à Innisfail, pendant qu'il fait appel de sa condamnation, par une commission militaire américaine, pour cinq crimes de guerre commis pendant un échange de tirs en Afghanistan en 2002, alors que le jeune homme n'avait que 15 ans. Son père était un proche d'Oussama ben Laden et avait quitté Toronto avec sa famille pour s'installer au Pakistan puis en Afghanistan.

Emprisonné pendant des années en prévention à Guantanamo, Omar Khadr a finalement plaidé coupable notamment de meurtre, en 2010, en vertu d'une entente qui lui permettait de purger encore huit ans de prison dans un pénitencier canadien. Il a plus tard soutenu qu'il n'avait plaidé coupable que pour quitter l'infâme prison de Guantanamo. Mais malgré des jugements de tribunaux américains et l'avis juridique de plusieurs experts aux États-Unis, la section d'appel de la commission militaire n'a toujours pas entendu la cause, alors que Khadr, âgé de 28 ans, terminera de purger sa peine en octobre 2018.

Dans des lettres déposées au tribunal canadien en appui à sa libération conditionnelle en attendant l'audition en appel aux États-Unis, Arlette Zinck et son mari, l'homme d'affaires Rob Betty, indiquent qu'ils ont visité à plusieurs reprises leur «ami» en prison depuis son rapatriement au Canada en septembre 2012, et qu'ils en sont sortis enrichis. Mme Zinck, professeure d'anglais à l'université catholique King, est l'un de ses tuteurs depuis plusieurs années, et qualifie Khadr d'«étudiant modèle» qui aura toutefois besoin d'une période d'acclimatation à sa sortie de prison.

Mais pour Layne Morris, un ancien sergent des forces spéciales qui a perdu la vue lors de l'échange de tirs de 2002 en Afghanistan, Mme Zinck fait partie d'un groupe de sympathisants inconditionnels comprenant des vedettes, des politiciens de gauche et certains médias, qui voient en Khadr la plus récente «cause à la mode».

«Ils se disent: «Khadr avait 15 ans à l'époque, on devrait lui accorder une seconde chance'. Moi, je ne crois pas: il constitue toujours un risque pour la société occidentale et la société canadienne», a-t-il estimé.

Un avis qui n'est toutefois pas partagé par ceux qui ont côtoyé de plus près le Torontois d'origine depuis sept ans, dont le psychiatre Stephen Xenakis, brigadier-général à la retraite de l'armée américaine, qui a passé des centaines d'heures à évaluer le jeune homme.

Lors de son procès, en octobre 2010, Khadr avait exprimé le souhait de devenir un jour médecin, mais ses ambitions sont aujourd'hui plus modestes: terminer ses études secondaires, et obtenir un baccalauréat ès arts de l'université King's.