Justin Bourque a présenté ses excuses, mardi, pour les fusillades du 4 juin dernier à Moncton lors desquelles il a tué trois agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et en a blessé deux autres, affirmant que ses explications données à la police pour le carnage étaient les paroles d'«un raté arrogant».

Bourque s'est adressé à la Cour lors de l'audience de détermination de sa peine juste avant qu'elle ne soit ajournée jusqu'à vendredi, lorsqu'une décision sera rendue.

Il a parlé de la douleur que les familles des victimes ont dû ressentir après avoir entendu la déclaration qu'il a donnée à la police après avoir été arrêté. Il avait alors dit que la raison principale pour laquelle il a tué des agents de la GRC était parce qu'il tentait de lancer une rébellion contre un gouvernement corrompu et oppressif qui écrase, selon lui, la liberté de la plupart des Canadiens

«C'étaient les paroles d'un raté arrogant, comme si cela n'était rien pour moi», a déclaré Bourque à la Cour, la voix vacillante.

«Je veux que les familles le sachent... Cela signifie quelque chose pour moi», a-t-il ajouté.

«De dire que je m'excuse ou que je suis désolé est pratiquement inutile. Mais je suis désolé.»

Justin Bourque, âgé de 24 ans, fait face à une peine d'emprisonnement à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, après avoir plaidé coupable à trois accusations de meurtre au premier degré et de deux tentatives de meurtre.

La Couronne réclame toutefois que l'inadmissibilité à la libération conditionnelle soit cumulative pour les trois meurtres, ce qui la porterait à 75 ans. Ce serait la sentence la plus sévère accordée au Canada depuis les dernières exécutions en 1962.

La Couronne affirme que la défense réclame la possibilité de libération conditionnelle après 50 ans.

Le procureur de la Couronne, Cameron Gunn, a demandé au juge d'imposer une peine qui dénoncerait les crimes de Bourque de la manière la plus dure possible.

«Sa notion d'avoir été impliqué dans une sorte de rébellion, je vous suggère, est tordue», a dit Me Gunn.

«Il s'agit de l'un des crimes les plus odieux de l'histoire du Canada», a-t-il ajouté.

L'avocat de la défense, David Lutz, a dit que Bourque avait admis les faits tels que présentés par la Couronne, sauf pour l'allégation qu'il aurait dit à un collègue de travail qu'il allait faire «éclater» des policiers avant les fusillades.

«Je n'ai pas grand-chose à ajouter considérant le contenu de la déclaration de M. Bourque», a dit Me Lutz.

Mais il a dit que de parler de la haine de l'autorité comme étant la motivation de Bourque serait inexact parce qu'il ne comprenait pas de quoi il parlait.

«Il s'identifie à ces petits personnages de bande dessinée comme Super Mario et Megaman», a dit l'avocat, faisant référence aux jeux vidéo auxquels jouait Justin Bourque.

«Son processus de pensée est extrêmement déficient», a-t-il ajouté.

L'avocat de la défense estime que de placer l'admissibilité à la libération conditionnelle de Bourque à 75 ans «n'a aucun sens pratique» puisqu'il aurait alors 99 ans.

Une modification apportée en 2011 au Code criminel permet aux juges d'augmenter la période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle dans les cas de meurtres multiples.

Les agents Dave Ross, 32 ans, Fabrice Gevaudan, 45 ans, et Douglas Larche, 40 ans, ont été tués lors des fusillades. Les agents Eric Dubois et Darlene Goguen ont été blessés.