Lorsque les premiers policiers sont arrivés sur les lieux où ils ont trouvé les corps d'Emmanuelle Phaneuf et de sa fille Laurie, les deux fils d'Emmanuelle, âgés de 1 an et 3 ans, étaient aux pieds de leur mère inanimée et ensanglantée. « Ils sont en état de crise. Ils crient, ils pleurent, ils sont inconsolables. »

Le patrouilleur Éric Leclerc, de la police de Longueuil, a décrit cette scène, hier, au procès de François Tartamella, accusé des meurtres nonprémédités de son ex-conjointe, Emmanuelle Phaneuf, et de sa fille, Laurie Phaneuf, 13 ans.

Vers 6h15, le matin du 4 novembre 2011, Éric Leclerc et sa coéquipière Christine Lapensée terminaient un quart de nuit lorsqu'ils ont été appelés à se rendre dans un immeuble de la rue Beauharnois, à Longueuil, pour répondre à un appel « sans voix ». Comme ce type d'appel est souvent lié à des problèmes de ligne téléphonique, ils s'attendaient à une intervention de routine.

Sur les lieux, les policiers se sont approchés de la porte d'entrée de l'immeuble et ont aperçu François Tartamella devant la porte de son appartement, au premier palier. Lorsque les policiers ont franchi la porte, l'accusé s'est mis à genoux et leur a dit : « Aidez-les, je viens de les tuer. »

Les policiers lui ont demandé de se coucher sur le ventre, les mains dans le dos. De l'intérieur provenaient des cris d'enfants. L'agente Lapensée a demandé à M. Tartamella ce qu'il avait fait aux enfants, et ce dernier lui a répondu : « Je n'ai pas touché à mes gars », a rapporté Éric Leclerc.

À l'intérieur, M. Leclerc a aperçu Emmanuelle Phaneuf sur le plancher du salon, étendue sur le ventre. Elle était nue et se trouvait dans une « mare de sang ». L'agente Lapensée a fait pivoter le corps de la victime pour prendre ses signes vitaux. La victime portait, selon le policier, une « coupure de part et d'autre de la gorge ».

Les policiers ont pris les enfants dans leurs bras et les ont transportés au bas de l'escalier. « Quand on les prend dans nos bras pour les emmener à l'extérieur, ils n'arrêtent pas de pleurer », a raconté l'agent Leclerc. L'agente Lapensée a par la suite découvert le corps de Laurie dans la cuisine, elle aussi entourée de beaucoup de sang.

Lorsque des collègues sont venus en renfort, l'agent Éric Leclerc a conduit M. Tartamella, qui était « très calme », au poste de police. Rendu à destination, l'accusé a été incapable de dire sa date de naissance. Il s'est mis à respirer rapidement, amenant les policiers à appeler une ambulance.

« Il ne semblait pas là, il avait le regard vide, comme s'il ne nous voyait pas », a raconté Éric Leclerc. À un moment donné, M. Tartamella s'est mis à genoux, les mains au ciel, et a dit : « Mon Dieu, qu'est-ce que j'ai fait ? » Il a aussi parlé seul, à voix basse, de façon « incompréhensible ».

« Appelez la police ! »

Jeffrey Berry, qui habitait le logement au-dessus de celui des Phaneuf-Tartamella, a aussi témoigné hier. Vers 6 h 15, il dit avoir été réveillé par des hurlements, qui lui semblaient être ceux d'une femme. Il a entendu une femme dire : « Pourquoi t'as fait ça ? »

Quelques minutes plus tard, M. Tartamella a commencé à crier à répétition « Appelez la police ! ». Pendant que sa copine appelait la police, Jeffrey Berry est descendu à l'étage. Il a alors aperçu François Tartamella sur le palier, vêtu d'un t-shirt blanc taché de sang, une main sur la poignée de la porte de son logement.

« Il m'a dit de ne pas descendre plus loin, parce que c'était pas beau », a relaté Jeffrey Berry, qui est ensuite retourné dans son logement. Par la suite, François Tartamella a continué à demander d'« une voix forte » d'appeler la police.