Convaincu que Tania Pontbriand s'est servie d'un jeune élève pour satisfaire son appétit sexuel, le juge Valmont Beaulieu a déclaré l'ex-enseignante coupable d'agression sexuelle et contacts sexuels alors qu'elle était en position d'autorité. Le verdict a été rendu hier à Saint-Jérôme.

Au moment où les crimes se sont produits, de 2002 à 2004, Mme Pontbriand enseignait l'éducation physique et le leadership à l'école Rosemère. Il y a eu un premier rapprochement avec le garçon lors d'une sortie d'école en camping, en 2002. Pendant que le reste du groupe dormait, le garçon, qui avait 15 ans, et l'enseignante, qui en avait le double, se sont retrouvés seuls dans un camion à bavarder et se faire des confidences pendant toute une nuit. Ils se sont étreints.

Peu de temps après, Mme Pontbriand a proposé une escapade de camping en tête à tête au garçon. «Ce roman que nous avons commencé, nous devons le terminer», a-t-elle dit. C'est lors de cette sortie, en mai 2002, qu'ils ont eu leurs premières relations sexuelles.

«Par la suite, le roman ne s'est pas seulement écrit, mais a été vécu, devint très dommageable et détruisit même l'adolescence de la victime et l'a conduit à abandonner sa scolarité», a noté le juge dans sa décision, qui fait plus de 150 pages.

Cadeaux

Mme Pontbriand était pleine d'attentions pour le garçon et lui donnait des cadeaux. Leur relation était passionnée, torride et secrète. Ils ont eu de 200 à 300 relations sexuelles, selon la victime. Cela se passait en divers lieux: chez Mme Pontbriand en l'absence de son mari, dans sa voiture, dans le bois, dans son bureau à l'école, après la classe...

La défense soutenait que le témoignage de la victime, qui a aujourd'hui 27 ans, était truffé d'invraisemblances et qu'il fabulait. Mais de nombreux écrits et des photos ont donné du poids aux dires du jeune homme. Par ailleurs, celui-ci donnait des détails très précis sur certains aspects.

«Aussi, il expliquera pourquoi, à la maison de l'accusée, elle préférait que le couple fasse l'amour dans la chambre des maîtres. En effet, de cet endroit, ils pouvaient apercevoir si l'époux arrivait par la fenêtre», a relevé le juge.

Mme Pontbriand amadouait la mère du garçon, pour que celui-ci obtienne des permissions. Mais un jour, la mère a voulu faire cesser cette relation, qui lui semblait dépasser le cadre du lien prof-élève. Le garçon en a tenu rigueur à sa mère, et il a continué de voir l'enseignante.

Mme Pontbriand a mis fin à la liaison une fois que le jeune homme est entré au cégep, apparemment parce qu'elle avait rencontré un autre homme, a témoigné la victime. Le garçon en avait été très perturbé, mais avait gardé le silence. Ce n'est que trois ans plus tard qu'il est allé porter plainte à la police.

Accusations

Mme Pontbriand a été arrêtée et accusée en juillet 2008. Elle a été suspendue sans solde dès ce moment. Elle a ensuite perdu le droit d'enseigner.

Mme Pontbriand, qui était représentée par Mes Hanan Mrani et Isabelle Patoine, devra revenir devant le tribunal le 8 mai pour les observations sur la peine qui doit lui échoir. D'ici là, un rapport avant sentence sera établi à son sujet pour éclairer la Cour.