C'était bien le cercueil, les vêtements et les bijoux qu'ils avaient minutieusement choisis pour leur mère. Mais c'était une parfaite étrangère qui reposait ainsi parée dans le cercueil de leur mère, au salon funéraire.

Affirmant avoir vécu un choc qu'ils n'arrivent toujours pas à surmonter, les six enfants d'une octogénaire incinérée par erreur en décembre dernier réclament plus d'un demi million de dollars au salon funéraire qui s'est trompé de défunte. L'erreur a été découverte le 14 décembre dernier, à 18 heures, quand la famille Pelletier s'est présentée au salon funéraire Oscar St-Ours, à Shawinigan, pour les funérailles de Marguerite Mercier-Pelletier. En s'approchant du cercueil, les enfants de la défunte se sont rendus compte que ce n'était pas leur mère qui s'y trouvait. Ils ont appris par la suite que l'erreur ne pouvait être corrigée, car leur mère avait été incinérée.

Cette incinération allait à l'encontre des dernières volontés de leur mère, soutiennent ses enfants, Nicole, Chantal, Denis, Alain, Guy, et Pierre Pelletier, qui viennent d'intenter une poursuite contre le salon funéraire. Leur mère de 81 ans, qui avait voulu devenir religieuse cloîtrée dans sa jeunesse, avait des convictions religieuses qui n'acceptaient pas l'incinération. Dans son testament, elle disait vouloir être enterrée dans un cercueil, au-dessus de son défunt mari. Celui-ci avait même été enterré plus profondément lors de son décès, en prévision de leurs retrouvailles pour l'éternité.

Erreur sur le chapelet

Les enfants Pelletier soutiennent que l'erreur aurait pu être évitée si les gens du salon funéraire avaient été plus vigilants. Leur mère est morte au Centre hospitalier de la Mauricie le 7 décembre. Le salon funéraire est allé récupérer le corps le même jour. Quand les enfants se sont présentés au salon pour faire les arrangements, le lendemain, une employée leur a présenté un chapelet appartenait soi-disant à leur mère. Les enfants ont signalé qu'il y avait erreur sur le chapelet. Ce qui aurait dû mettre la puce à l'oreille du personnel, croient-ils.

Le 14 décembre, en constatant la méprise, les enfants de la défunte sont devenus «hystériques, et paniqués,» signale-t-on dans la poursuite déposée à Montréal. Le dirigeant du salon leur aurait alors assuré qu'il s'agissait bien de leur mère, ce qui les a encore plus choqué. Ils se sont ensuite rendus compte que les obsèques d'une autre femme se tenaient dans un salon adjacent. Cette femme était incinérée, et il y avait une urne. Mais sa photo montrait la femme qui reposait dans le cercueil de leur mère.

Colère et calmants

La poursuite signale que les enfants de la défunte s'attendaient à voir leur mère «une dernière fois, reposer paisiblement maquillée, coiffée et rayonnante, afin de lui faire leurs adieux personnels.»Ils ont plutôt dû prendre des calmants ce soir-là, pour recevoir le reste de la famille dans un salon vide, sans dépouille.

Les enfants ont voulu récupérer au moins les cendres de leur mère. Ils prétendent que le dirigeant du salon n'arrivait pas à identifier l'urne. Aujourd'hui, les enfants ne sont pas certains qu'il s'agit bien des cendres de leur mère, qui sont enterrées au-dessus de la tombe de leur père. On leur a volé leur deuil, disent-ils.

Nausée, anxiété, insomnie, cauchemars, visions... Les enfants de la défunte disent vivre toutes sortes de sentiments négatifs depuis les événements, et réclament chacun 95 000 $ en dommages, pour un total de 570 000 $.

En 91 ans d'existence, une telle erreur n'était jamais arrivée, se désole Jérôme St-Ours, dirigeant du salon funéraire Oscar St-Ours. C'est maintenant la compagnie d'assurance du salon qui s'occupe de cette affaire, a-t-il fait valoir.

Marguerite Mercier-Pelletier, telle que présentée sur le site du salon funéraire.

Photo tirée d'internet

Marguerite Mercier-Pelletier, telle que présentée sur le site du salon funéraire.