Les enquêteurs du groupe Accès, qui est chapeauté par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), ont saisi plus de 33 000 kg de tabac à chicha le 6 décembre dernier, a appris La Presse.

Il s'agit d'une saisie record de ce tabac produit au Moyen-Orient, mélangé notamment avec des fines herbes, consommé avec l'aide d'une grande pipe appelée chicha et généralement vendu dans des commerces spécialisés.

«C'est une saisie historique. Nous avons mis la main en tout sur plus de 6000 caisses de tabac, contenant plus de 30 000 kg. Le tabac était vendu sans que les taxes soient payées», a expliqué le commandant du SPVM Minh Tri Truong, patron du groupe Accès.

Le 6 décembre, les enquêteurs ont effectué 25 perquisitions, dont une vingtaine à Hamilton, en Ontario. Les autres ont eu lieu à Montréal, à Laval et dans la région de Philadelphie, aux États-Unis. Le tabac a notamment été découvert dans des mini-entrepôts.

La cible est une organisation principalement établie en Ontario qui est soupçonnée d'importer illégalement le tabac à chicha et de le distribuer, notamment dans la région de Montréal, sans payer les taxes. Les suspects sont originaires du Moyen-Orient, mais ne seraient pas liés au crime organisé traditionnel. Personne n'a encore été arrêté. Les perquisitions ont été effectuées en cours d'enquête.

Une caisse équivaut à une somme d'environ 1800 $ de taxes que le gouvernement du Québec devrait normalement prélever.

Durant les perquisitions, les enquêteurs ont également saisi des guichets automatiques, dans des commerces, dont au moins un salon de coiffure. 

«Ce qui nous intéressait, c'est l'argent qu'il y avait à l'intérieur. On croit que les guichets servaient à blanchir l'argent de la vente du tabac.» - Minh Tri Truong, patron du groupe Accès

Le tabac à chicha provenait du Moyen-Orient et était importé aux États-Unis. Par la suite, il arrivait par camion en Ontario et était distribué au Québec. «On a voulu couper la voie d'approvisionnement», explique le policier.

L'acronyme Accès signifie Actions concertées pour contrer les économies souterraines. Le groupe d'enquête est entièrement financé par le gouvernement du Québec et s'attaque principalement à la contrebande de tabac et d'alcool.

Les perquisitions du 6 décembre ont été effectuées en collaboration avec la police provinciale de l'Ontario (OPP), l'Agence des services frontaliers du Canada, le groupe américain ATF (Alcool, Tobacco and Firearms) et l'entreprise de sécurité Homeland, aux États-Unis.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou à l'adresse postale de La Presse.