Arthur Porter est bel et bien mort, selon les employés de la morgue judiciaire et de l'institut d'oncologie que La Presse a pu rencontrer hier, dans la capitale panaméenne.

Mais l'UPAC ne se contentera pas de témoignages - aussi crédibles soient-ils - ni d'une identification visuelle, selon nos informations. Les deux policiers québécois envoyés sur place ont l'intention d'au moins vérifier les empreintes digitales du cadavre, a-t-il été permis d'apprendre. Ils ont aussi amené avec eux des kits permettant de prélever de façon sécuritaire l'ADN de la dépouille, si besoin est.

Hier, en attendant la permission officielle afin d'avoir accès à la dépouille, les policiers de l'UPAC sont partis à la recherche de traces qu'aurait laissées M. Porter au Panama. Ils ont ainsi acquis la certitude que les empreintes digitales fournies à l'aéroport de Panama étaient les mêmes que celles fournies à son entrée en prison. Il reste à tester celles du cadavre.

Toutefois, les policiers ne considèrent pas comme suffisamment fiable l'identification visuelle de la dépouille en raison du cancer dont Porter était atteint, selon nos informations.

Un patient « très gentil »

Toujours hier, deux infirmières qui lui ont prodigué des soins à l'Instituto oncólogico nacional ont certifié à La Presse qu'il était mort mardi soir, dans la chambre 21 du sixième étage de l'hôpital.

« Je l'ai vu » une fois mort, a affirmé l'une d'elles sous le regard de plusieurs collègues réunis au poste de garde de l'étage. La dame, portant une coiffe d'infirmière à l'ancienne, ne doutait pas un instant de la véracité de son décès. Elle a toutefois refusé d'être identifiée.

Toutes deux ont évoqué sans hésiter un patient « très gentil, qui ne faisait pas de problèmes ». Elles savaient que l'auteur présumé de la « plus grande fraude de corruption de l'histoire du Canada » était un accusé extrêmement connu au Canada. Les policiers qui se relayaient à sa chambre pour assurer sa surveillance - « parfois un, parfois deux » - permettaient mal de l'oublier.

Les deux femmes ont toutefois nié qu'Arthur Porter était menotté, tel que l'avaient affirmé certains de ses amis.

La chambre où il serait décédé est maintenant occupée par deux patients.

Arthur « Postter »

Vendredi, les deux policiers de l'UPAC qui ont débarqué au Panama pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un canular ont été informés que le corps de M. Porter avait été transféré dans une morgue judiciaire sous la responsabilité du ministère panaméen de la Sécurité publique.

À cet endroit, la dépouille est sous bonne garde, a pu constater La Presse. Portail cadenassé, fils barbelés et caméras de sécurité empêchent quiconque d'y avoir accès. Même la famille ne pourrait y entrer, selon nos informations.

Sur place, deux employés de la morgue ont affirmé avoir reçu le corps du défunt « le 3 juillet », soit vendredi.

« Ici, nous l'avons sous le nom de Arthur Postter », a toutefois affirmé l'un d'eux, épelant le nom inscrit sur la liste des dépouilles sous sa responsabilité. « Il y a le numéro de la civière » sur cette feuille, a-t-il dit, ajoutant qu'il perdrait son emploi s'il tentait d'accéder au corps.

L'autre employé croyait avoir vu le cadavre lors de son entrée à la morgue, la veille, mais ne pouvait pas le jurer. Vendredi, Le Journal de Montréal a rapporté que la morgue de l'Instituto oncólogico nacional avait enregistré le cadavre sous le nom de « Arthur Potter ».

Selon nos informations, l'UPAC ne s'inquiète absolument pas de ces problèmes d'uniformisation dans les registres manuscrits.

L'employée responsable des registres de l'hôpital avait pour sa part le bon nom, bien orthographié, dans un grand cahier où elle tient la liste des admissions et des décès. Elle a même fourni à La Presse le numéro de passeport que Porter aurait donné lors de son hospitalisation.