Après de récents cas de «sextorsion» rapportés à la Sûreté du Québec (SQ), le corps policier craint qu'il ne s'agisse que de la pointe de l'iceberg.

Selon la sergente Nathalie Girard, agente d'information du district de la Côte-Nord de la SQ, il s'agit même d'un «problème national».

Elle souligne toutefois qu'il est difficile de mettre des chiffres sur ce phénomène, parce que les gens ont honte de porter plainte et admettre s'être fait prendre.

«Ça prend beaucoup de courage pour appeler la police et expliquer qu'ils se sont fait prendre les culottes à terre», a-t-elle expliqué en entrevue.

«Pour nous, les statistiques ne sont pas révélatrices de ce qui se passe sur le terrain», a-t-elle ajouté.

D'ailleurs, la SQ ne compile pas de statistiques spécifiquement sur ce crime.

La «sextorsion» est une méthode d'extorsion par laquelle une personne entame en ligne, sur des réseaux sociaux, un processus de séduction et incite l'autre à se déshabiller ou à faire des actes sexuels devant une webcam. Le tout est enregistré par le fraudeur qui menace ensuite de diffuser la vidéo sur Internet ou de l'envoyer aux proches de la victime, sauf si elle accepte de payer une somme d'argent.

À Sept-Îles, quelques dossiers ont été ouverts ces derniers mois. D'autres cas ont été rapportés en Haute-Côte-Nord. Les victimes étaient des hommes, de tous âges, et de toutes les couches de la société, précise la sergente Girard.

La majorité des arnaqueurs étaient dans ces cas de l'extérieur du Canada, soit de la Côte D'Ivoire, a-t-elle constaté. Et parce que tout se passe en français, cela fait en sorte que le Québec est particulièrement ciblé.

«Ces dernières années, cela (la sextorsion) devient de plus en plus problématique», dit la sergente.

Cela correspond à ce qu'a constaté le Centre canadien de protection de l'enfance, qui note que les cas de sextorsion contre les mineurs a monté en flèche.

Le centre a reçu 65 plaintes au pays en 2013-2014 concernant des victimes de moins de 18 ans, un nombre qui a bondi à 100 pour l'année 2014-2015. Le centre s'attend d'ailleurs à ce que le nombre de cas augmente.

De son côté, Mme Girard insiste: les victimes ne doivent absolument pas payer sous la menace, mais plutôt porter plainte à la police, qui fera enquête et pourra potentiellement déposer des accusations criminelles. «Il ne faut pas payer. Ça motive les fraudeurs à demander plus d'argent», fait-elle valoir.

Les plaintes sont traitées en toute confidentialité et avec respect, assure-t-elle.