Un vendeur de voitures d'occasion lié à la mafia, victime d'un spectaculaire enlèvement en 2005 et condamné pour avoir trafiqué des odomètres, vient d'obtenir sa libération conditionnelle totale, mais il ne pourra plus vendre de véhicules.

Ainsi en ont décidé les commissaires aux libérations conditionnelles dans une décision rendue il y a quelques jours à l'encontre de Frank Martorana, 55 ans. Ce dernier a reçu une peine de trois ans de pénitencier en décembre 2012 pour avoir trafiqué les odomètres des voitures de plus de 300 de ses clients - de 100 000 km en moyenne, parfois même jusqu'à 400 000 km -, pour une fraude totale de plus de 6 millions de dollars.

De mauvais poil

Frank Martorana avait fait la manchette pour la première fois en mai 2005 lorsqu'il avait été enlevé par des individus armés dans un salon de barbier de la rue Jean-Talon, à Saint-Léonard. Lorsque les policiers sont arrivés sur place, Martorana avait disparu, mais il y avait tellement de sang qu'ils ont cru qu'il avait été atteint de projectiles dans le salon avant d'être transporté ailleurs. En fait, ses ravisseurs l'auraient battu à coups de batte de baseball. Alors que tout le monde appréhendait que l'histoire se termine mal, Martorana est réapparu sept jours plus tard, le visage tuméfié, mais vivant.

Des sources ont confié à La Presse que cette affaire constituerait un événement important du conflit entre les clans Rizzuto et D'Amico de Granby, qui faisait rage à l'époque et serait lié à l'enlèvement, à l'Halloween suivant, d'un autre individu lié à la mafia et retrouvé lui aussi vivant par la suite, Nicola Varacalli.

Pour 1 million

Devant les commissaires, Martorana est revenu sur son enlèvement. Il a raconté qu'il avait monté la fraude des odomètres pour rembourser une «fausse dette» de plus de 1 million de dollars reliée à cet enlèvement. Il dit avoir été libéré par ses ravisseurs sur promesse de rembourser l'argent et il n'a pas porté plainte pour la sécurité de sa famille.

Fait à noter, Martorana a ajouté qu'il ne connaît pas l'identité de ses agresseurs ni les raisons de son enlèvement. Même s'il a affirmé n'avoir aucune dette envers eux, il leur a tout de même remis l'argent. Il a enfin nié être lié à la mafia comme le croit la police.

Tenant compte des progrès réalisés par Martorana, les commissaires aux libérations conditionnelles Paul Turmel et Richard Belisle ont accepté de lui accorder sa libération conditionnelle totale, mais avec des conditions particulières. Ainsi, il ne pourra plus travailler dans le domaine de la vente ou de l'achat de véhicules d'occasion, il devra divulguer ses états financiers et devra éviter toute personne ayant un casier judiciaire.

Des membres de la famille de Martorana avaient également été arrêtés et accusés dans l'enquête de la Gendarmerie royale du Canada sur les odomètres trafiqués, mais ils ont été acquittés par la suite.