Postes Canada est accusée d'avoir mis trop de temps à régler une épidémie de vols de jeux vidéo à son centre de triage de Saint-Henri. Une entreprise montréalaise blâme la société fédérale pour ses déboires financiers à la suite de la disparition de 1450 jeux en quatre mois.

L'entreprise Game Access affirme dans une poursuite judiciaire qu'elle a subi un «ralentissement important de sa croissance» et qu'elle a vu sa «marge bénéficiaire fondre» en raison du «relâchement» et du «laxisme» de Postes Canada. Elle lui réclame 196 000$, une somme qui pourrait être ajustée au cours des procédures.

Depuis son ouverture en 2005, Game Access s'est bâti un catalogue de 10 000 jeux vidéo à louer, dont certains titres très rares, pour les consoles PlayStation, Nintendo, Xbox et autres. Les jeux commandés sont envoyés aux abonnés par la poste, avec une enveloppe pour les retours. Une fois les jeux revenus à l'entreprise qui les loue, les abonnés peuvent recevoir leur prochaine commande.

«Perdus dans la malle»

Mais en octobre 2010, Game Access a commencé à enregistrer un nombre anormalement élevé de plaintes de clients dont les jeux retournés semblaient s'être «perdus dans la malle». Des dizaines, puis des centaines de jeux se sont ainsi volatilisés.

Game Access a dénoncé le problème à Postes Canada, mais «la Société ne semblait pas prendre la situation au sérieux», selon la poursuite. Il a fallu deux semaines avant qu'un enquêteur des postes se manifeste et deux autres semaines avant qu'il mette en circulation des enveloppes truquées pouvant être suivies à la trace pour son enquête.

L'entreprise a demandé l'aide de la police pour accélérer les choses, mais l'enquête de la société d'État s'est tout de même poursuivie jusqu'au 28 janvier 2011. Pendant ce temps, jusqu'à 40% des jeux retournés par les abonnés ont continué de disparaître, pour atteindre 1450 titres disparus.

«Au cours de cette période, la santé financière de [Game Access ] était gravement affectée et elle recevait tous les jours des plaintes de clients dont les jeux se perdaient dans la poste», précise la poursuite.

Le 28 janvier 2011, les enquêteurs des postes ont finalement pris une employée du quart de nuit la main dans le sac. Monique Rollin, 52 ans, avait 32 enveloppes volées en sa possession et plusieurs autres dans sa voiture et son logement.

Lourdes pertes

L'employée a avoué qu'elle avait ciblé Game Access en particulier dans le cadre de son travail et qu'elle cédait les jeux volés à des gens en échange de paquets de cigarettes.

Au terme de son procès, Mme Rollin a écopé d'une peine de 12 mois à purger dans la collectivité. Son avocate n'a pas rappelé La Presse hier.

Mais pour Game Access, l'arrestation de la coupable n'est pas suffisante. C'est à Postes Canada de payer pour les lourdes pertes et les dommages à la réputation de l'entreprise, prétend-elle.

La société fédérale refuse aujourd'hui de revenir publiquement sur l'affaire.

«Je suis désolée, mais nous ne commentons pas les cas spécifiques concernant nos employés. Toutefois, je peux vous assurer que avons rajouté les mesures de sécurité nécessaires, mais ces détails sont confidentiels, pour des raisons de sécurité», a déclaré Anick Losier, directrice des relations avec les médias, dans un courriel envoyé à La Presse.