Contre toute attente, même celle du président de leur syndicat, les juristes de l'État ont décidé mardi soir de poursuivre la grève. La sortie en règle du président du Conseil du trésor, Pierre Moreau, contre «l'intransigeance» de l'exécutif syndical «a eu l'effet de jeter de l'huile sur le feu», selon le président Jean Denis. «Et il a créé un monstre».

Lors d'une assemblée extraordinaire, les avocats et notaires du gouvernement ont voté à 63 % en faveur de la grève, qui en est à sa 17e semaine, le plus long débrayage dans le secteur public de l'histoire du Canada. Le taux de participation était de 77 %.

«Les gens continuent de faire la grève même s'ils n'ont pas un sou dans leurs poches qui rentre, qu'il n'y a plus de fonds de grève. On appelle ça de la détermination», a lancé Jean Denis. Lundi, il laissait plutôt entendre qu'un retour au boulot était en vue. «C'est ce que je pensais parce que je croyais que les gens étaient épuisés», a reconnu le président. Mais les propos de Pierre Moreau «ont dérangé les membres » et « raviver le feu».

En conférence de presse puis lors de la période des questions à l'Assemblée nationale, le ministre a accusé l'exécutif syndical d'avoir une «attitude butée». Ce dernier a adopté une «stratégie pour frapper un mur », se lançant dans un débrayage «avec un fonds de grève limité» tout en refusant de « bouger d'un iota» à la table de négociation, a-t-il soutenu.

Les membres ont pris connaissance des propos du ministre lors de l'assemblée. «Ça a été une très mauvaise stratégie de sa part. Il croyait que les gens se déchireraient et se diviseraient, mais les gens ont plus confiance en nous qu'en lui. Les gens ont pu constater sa mauvaise foi. Il s'est tiré dans le pied», a affirmé Jean Denis.

Les juristes ont rejeté à 96% les dernières offres du gouvernement qui, selon M. Moreau, ont été bonifiées à quatre reprises. Le ministre soutient que sur une période de 4 ans, «ils ont exactement dans leurs poches ce que les procureurs de la Couronne ont».

«On n'est pas des cons, et il nous prend pour des imbéciles», a répliqué M. Denis. Pierre Moreau s'est dit prêt à présenter son offre sur la place publique pour prouver ses dires si le syndicat y consent.

«Qu'il le fasse, et on va la démolir son offre», a dit le président syndical.