Dix ans après l'opération anti-mafia Colisée, la sortie de prison de trois anciennes têtes dirigeantes du clan Rizzuto a déjà des répercussions importantes sur l'écosystème du crime organisé québécois, qui se retrouve déstabilisé, confirment les autorités.

C'est ce qu'explique la Commission des libérations conditionnelles du Canada dans une décision rendue aujourd'hui, laquelle impose des conditions draconiennes pour conserver sous surveillance le mafioso Francesco Arcadi pendant qu'il réintègre la société.

Arcadi, 62 ans, avait été identifié comme l'un des plus hauts dirigeants de la mafia sous le règne des Rizzuto. Il a écopé de 11 ans de prison à la suite de l'Opération Colisée, menée en 2006.

En prison, les spécialistes ont noté chez lui un faible potentiel de réinsertion sociale ainsi qu'une absence de conscience sociale et d'empathie envers autrui. « Vous adoptez une position de fermeture et prônez la loi de l'Omerta », note le commissaire dans sa décision, ajoutant qu'Arcadi semble être « le même individu » que lors de son arrivée au pénitencier.

Maintenant qu'arrive sa date de libération d'office, Arcadi a expliqué qu'il planifie occuper son temps à jardiner, élever des animaux et passer du temps avec sa famille et « se retirer de la vie trépidante propre aux grandes villes ». Mais la Commission n'a pas été rassurée.

Information policière

« Votre équipe de gestion de cas ne peut passer outre le fait que selon l'information policière disponible, votre libération et celle de deux de vos complices ont déjà des répercussions importantes dans le milieu criminel et qu'une instabilité notable est observée », précise la décision.

Deux autres complices de haut rang d'Arcadi au sein de la mafia, Francesco Del Balso et Lorenzo Giordano, ont obtenu leur libération conditionnelle depuis décembre. Même s'il n'y a eu aucun meurtre répertorié depuis dans l'entourage de ce que la commission appelle le « crime organisé traditionnel italien », les autorités s'inquiètent donc de ce qui pourrait maintenant survenir dans le milieu.

La Commission impose donc à Francesco Arcadi une assignation à résidence, une interdiction de contact avec tout criminel connu, une interdiction d'entrer dans les « cafés de style européen », une obligation de fournir ses relevés téléphoniques périodiquement aux autorités, en plus de leur donner accès à ses informations financières en tout temps.

-Avec la collaboration de Daniel Renaud