Le soutien financier des firmes de génie à l'égard du Parti libéral du Québec (PLQ) a laissé des traces qui permettent de faire progresser l'enquête de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) sur le financement occulte de la caisse libérale. Les «anomalies» détectées par la police concernent notamment 11 firmes de génie, dont SNC-Lavalin, Roche et Dessau.

Un document nommé «ingénieurs», saisi au siège social du PLQ lors de la perquisition de juillet 2013, a éclairé les enquêteurs de l'escouade Marteau intégrée à l'UPAC. Ce tableau compare les sommes versées en 2001 et en 2002 au PLQ et reliées à 11 firmes de génie.

Or, la police soupçonne que des entreprises financent illégalement le PLQ «via un système de prête-noms». Les employés seraient alors remboursés par l'entreprise.

C'est ce que révèlent, entre autres, les documents judiciaires obtenus hier par La Presse et d'autres médias. Il s'agit de l'annexe B de la dénonciation qui a permis à l'UPAC d'obtenir un nouveau mandat de perquisition, qui a été exécuté le 3 juin dernier à la permanence du PLQ, à Montréal. Les policiers ont alors saisi les données du serveur informatique.

Selon ces documents, le financement sectoriel du PLQ était sous la responsabilité de Violette Trépanier, qui a témoigné à la commission Charbonneau, de l'homme d'affaires et ami personnel de Jean Charest, Marc Bibeau (Schokbéton), ainsi que du militant Marcel Leblanc. Ce dernier avait témoigné lors de la commission d'enquête Bastarache et avait nié avoir fait quelque trafic d'influence que ce soit.

Projet Lierre

De plus, l'enquêteur Yanick Côté souligne qu'une «soixantaine de témoins crédibles ont été rencontrés» dans le cadre du projet Lierre. Cette enquête a décortiqué le financement du PLQ, «ses enjeux et son influence sur l'octroi de subventions». «L'enquête nous indique des anomalies au niveau du financement et plus précisément, du financement dit "sectoriel". Une partie importante de ce financement vise les gros donateurs du Parti dont les firmes d'ingénierie et les entrepreneurs», peut-on lire dans les documents judiciaires.

L'ex-directeur général du PLQ Joël Gauthier aurait collecté des contributions de firmes de génie alors qu'il était à la tête de l'Agence métropolitaine de transport (AMT). D'anciens collaborateurs de M. Gauthier ont témoigné de la «proximité» entre M. Gauthier et des firmes de génie et des entrepreneurs. Une personne dont l'identité est caviardée soutient avoir fait «des remises de chèques de financement à Marc Bibeau en présence de Joël Gauthier alors qu'il était DG du PLQ».

Rappelons que c'est l'actuel PDG de l'AMT, Nicolas Girard (ancien député péquiste), qui a alerté l'UPAC sur les activités partisanes de son prédécesseur. C'est ainsi que la police a mis la main notamment sur les agendas de M. Gauthier.

Aucune accusation n'a été portée jusqu'à maintenant en lien avec le projet Lierre.