Le chien qui a tué Christiane Vadnais à Pointe-aux-Trembles était un pitbull, il n'avait pas la rage, n'était pas malade et il avait une muselière au cou lors de l'attaque, révèle le rapport de nécropsie de deux vétérinaires pathologistes de l'Université de Montréal.

La Presse a également appris que la fille de Christiane Vadnais avait décidé de déposer une poursuite civile contre Franklin Junior Frontal, propriétaire du chien meurtrier, après avoir appris que le jeune homme ne ferait face à aucune accusation criminelle. Une mise en demeure lui a été envoyée.

« On le fait par principe, pour qu'il rende enfin des comptes. On ne veut pas qu'il tourne la page comme si de rien n'était, sans conséquence, ni même une tape sur les doigts. C'est inacceptable », explique Lise Vadnais, l'une des soeurs de la victime.

Lorsque les autorités ont rencontré la famille pour expliquer leur décision de ne pas accuser le jeune homme, des informations importantes semblaient leur avoir échappé, affirme Mme Vadnais. 

« On ne pense pas que le chien était vraiment gardé à l'intérieur. Les gens du voisinage nous ont dit qu'il passait ses journées dehors ; le voisin qui partageait le semi-détaché de ma soeur l'avait même déjà retrouvé dans sa cour. » - Lise Vadnais, l'une des soeurs de la victime

Le chien, nommé Lucifer, avait déjà mordu un inconnu ainsi qu'un cousin de Franklin Frontal. « D'après ce qu'il a raconté aux policiers, depuis cette morsure, il muselait son chien s'il faisait entrer des gens. C'est fou de penser qu'il devait le museler dans sa propre maison, mais qu'il le laissait sortir dehors », dénonce Lise Vadnais.

POURQUOI L'ATTAQUE ?

Au lendemain du drame, les organismes de défense des animaux ont évoqué la possibilité que l'animal ait attaqué parce qu'il était souffrant, comme c'est parfois le cas.

Or, la bête âgée de 7 ans n'avait pas la rage et ne montrait « aucune évidence de processus infectieux » ou de tumeur, conclut le rapport de nécropsie de la faculté de médecine vétérinaire de l'UdeM. Le document - qui n'avait encore jamais été rendu public, même s'il date de la mi-juin - rassemble les résultats d'analyses faites par deux pathologistes vétérinaires, par le Laboratoire d'épidémiosurveillance animale du MAPAQ et par l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Les vétérinaires y rapportent que l'estomac du chien était « dilaté par du contenu, mais n'a pas été ouvert ». Ils décrivent d'entrée de jeu l'animal comme « un chien Pitbull, mâle entier, blanc et fauve, pesant 33,8 kg [73 livres] », qui portait « un collier clouté, une muselière noire au cou et un harnais noir au thorax ».

Depuis des mois, les organismes de défense des animaux contestent l'assertion voulant que le chien du jeune Montréalais soit vraiment un pitbull, son maître l'ayant plutôt enregistré comme boxer à Anjou, en 2011. Il aurait toutefois été impossible pour Frontal d'enregistrer Lucifer comme pitbull, puisque ce type de chiens était alors interdit dans l'arrondissement.

LE BUREAU DU CORONER ENQUÊTE

Après les fonctionnaires de la Ville de Montréal et un groupe de travail mandaté par le gouvernement du Québec, le coroner chargé de rédiger un rapport sur la mort de Christiane Vadnais serait en train d'analyser la dangerosité des pitbulls à son tour. Peu avant Noël, le médecin a téléphoné à Émilie Vadnais pour lui poser des questions sur les circonstances entourant la mort de sa mère Christiane, dit la jeune femme. Il lui a alors affirmé qu'il s'affairait en parallèle à documenter d'autres cas d'attaques de pitbulls avant de faire ses recommandations au gouvernement.

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UNE ATTAQUE LA VEILLE DE NOËL


Le 24 décembre, un garçon de 4 ans a été mordu près de l'oeil par le pitbull de son cousin, et sa blessure a dû être a dû être traitée d'urgence à l'hôpital Sainte-Justine par le chirurgien Daniel Borsuk, qui a sauvé l'an dernier la petite Vanessa Biron, de Brossard. La nouvelle victime a passé le réveillon et le jour de Noël à l'hôpital, mais s'est bien rétabli.