Les mesures d'austérité n'épargneront pas les centres de détention du Québec. En dépit des deux récentes évasions en hélicoptère qui ont soulevé plusieurs doutes quant à leurs mesures de sécurité, les services correctionnels devront se soumettre à des compressions qui pourraient atteindre 40 millions de dollars sur deux ans, a appris La Presse.

«On parle de coupures majeures, c'est sans précédent, souligne Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ). On a des problèmes de sécurité dans nos établissements et pourtant, on nous annonce des compressions. On a un problème.»

Le syndicat dit que le ministère de la Sécurité publique l'a informé dans les derniers jours que des compressions de 20 millions de dollars seraient exigées des services correctionnels cette année. Pour l'an prochain, une autre cible de 20 millions a été évoquée.

Le ministère de la Sécurité publique n'a pas voulu confirmer le total global des compressions. «Tous les scénarios sont sur la table et le ministère de la Sécurité publique devra contribuer à l'effort budgétaire comme tous les autres ministères», affirme Jean-Philippe Guay, porte-parole de la ministre Lise Thériault. Il a toutefois affirmé que ces compressions n'auront pas d'effet sur la sécurité des citoyens. «La sécurité reste la première préoccupation de la ministre», souligne-t-il.

Le syndicat est particulièrement inquiet de ne pas avoir encore été consulté au sujet de la façon dont le ministère compte s'y prendre pour atteindre sa cible. «Je trouve que c'est déplorable de ne pas nous avoir présenté le plan pour qu'on puisse faire des propositions de coupures qui ne touchent pas à la sécurité», dit M. Lavoie.

«On est rendus dans la moelle»

Le syndicat craint des gels d'effectifs ou des abolitions de formations aux agents correctionnels. «On ne pourra pas accepter que ces coupures se fassent sur le dos de la sécurité de la population et des agents», avertit son président.

Selon l'étude des crédits 2014-2015, le budget des services correctionnels du Québec est de 311 millions.

«Je ne sais pas comment ils vont opérer avec des compressions de la sorte. Avec les coupures ces dernières années, on était rendus sur l'os... Maintenant, on est rendus dans la moelle», affirme Patrick Altimas, directeur général de l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec.

«La ministre devra nous donner des garanties que ces coupures ne compromettront en rien la sécurité du personnel carcéral et des populations vivant à proximité. Il faudra également qu'elle fasse la démonstration que cela n'augmentera en rien le risque d'évasion des détenus, prévient Antonine Yaccarini, attachée de presse cabinet du chef de l'opposition officielle, Stéphane Bédard.