Accusé d'avoir gravement brûlé sa conjointe à l'acide le 26 août dernier, Nikolas Stefanatos s'est dit prêt, mardi, à régler ce qu'il croit être la source de tous ses problèmes: sa consommation de drogue et d'alcool. Mais le juge Claude Provost a refusé net de le mettre en liberté pour qu'il aille en cure de désintoxication en attendant son procès.

«Riposter à une attaque au ketchup par une attaque à l'acide, c'est impensable! Tout le monde a eu les jambes coupées. Vous irez voir sur internet dans quels pays ils font ça, et quelles explications vont avec. C'est le pire crime qu'on puisse imaginer. On la défigure, on lui change le corps et le visage...», a tonné le juge Claude Provost.

Détenu depuis son arrestation, la nuit des événements, M. Stefanatos est arrivé à l'enquête sur sa mise en liberté, mardi, avec un pansement au poignet droit et un autre au coude gauche - il se serait aussi brûlé avec l'acide, cette nuit-là.

L'enquêteur Jonathan Bouchard, de la police de Longueuil, a résumé les faits. Selon son récit, le couple s'était plus ou moins formé quelques mois auparavant. L'homme et la femme avaient emménagé ensemble au début du mois de juillet. Tanya St Arnauld trouvait cependant Stefanatos contrôlant et envisageait de le quitter. La nuit du 26 août, ils se sont disputés après un barbecue avec des amis, et il y aurait eu une bagarre au ketchup et au nettoyant Hertel. M. Stefanatos s'est emparé d'une bouteille de liquide corrosif (Proflow) qui sert à débloquer les tuyaux et en a lancé sur sa conjointe. «Elle en a reçu dans le visage, dans un oeil. Elle a eu mal, elle a senti une douleur. Elle a déboulé les marches. Alors qu'elle était couchée sur le palier, il continuait de lui en lancer. Elle en a reçu dans le dos. Elle lui hurlait d'arrêter», a raconté l'enquêteur.

Avec l'énergie qu'il lui restait, Mme St Arnauld s'est rendue chez une voisine, qui lui a prêté un peignoir. La jeune femme s'est lavée pendant que les voisins appelaient le 911.

«Sa peau pelait, elle se voyait fondre. La couleur de sa peau était blanche et rouge, et ça sentait la fumée», a signalé l'enquêteur, qui a recueilli plusieurs déclarations, dont celle de la jeune femme. Il a aussi indiqué que son soutien-gorge avait fondu et s'était incrusté dans le peignoir.

Pendant ce temps, M. Stefanatos s'est enfui. Il criait lui aussi que ça brûlait, selon un voisin, qui l'a vu se laver avec un arrosoir. Stefanatos semblait ivre. Ambulanciers et policiers sont arrivés. Tanya St Arnauld pensait mourir. Elle a perdu connaissance dans l'ambulance. Ses blessures étaient si graves que les médecins de l'hôpital Charles-LeMoyne l'ont envoyée le soir même au CHUM, au service des grands brûlés.

En ce qui concerne Stefanatos, les policiers l'ont trouvé perché dans un arbre, à une quinzaine de pieds du sol. Lui aussi a été emmené à l'hôpital, car il avait des brûlures au bras, au front et au bout du pénis. Lorsqu'il a été arrêté, il a dit que c'était la femme qui avait lancé quelque chose en premier. Il aurait aussi dit qu'il ne savait pas ce qu'il y avait dans la bouteille. Selon la victime, il le savait parfaitement, car ils avaient tous deux fait un test dans le lavabo en découvrant la bouteille sous l'évier de la cuisine, environ deux semaines avant le drame.

Problème de drogue

Mardi, M. Stefanatos a soutenu que la victime et lui consommaient de l'alcool et «cinq ou six grammes de pot tous les jours». Il a fait valoir qu'il prenait de la drogue, dont de la cocaïne, depuis plus de 10 ans, et qu'il était au bout du rouleau. Il y a trois ou quatre ans, il a fait une thérapie qui a coûté plus de 6000$ à sa mère et qui n'a rien donné.

Mme St Arnauld est actuellement en réadaptation. Elle n'est pas encore capable de lever les bras au-dessus de sa tête, et elle ne pourra pas reprendre son métier de coiffeuse.