C'est possiblement pour aller récupérer un ballon de soccer qu'un jeune homme de 15 ans, Yann-Moise-Phil Bappo-Mpondo, a sauté la clôture d'une piscine municipale de l'arrondissement LaSalle, avant de tomber à l'eau et se noyer.

Le drame s'est joué en fin de soirée mardi au parc Raymond, sur l'avenue Bishop-Power.

Les versions obtenues par les autorités sur la trame factuelle ayant mené à cette noyade sont divergentes. Il semble que le défunt faisait partie d'un groupe de jeunes qui jouait au soccer sur le terrain près de la piscine. Était-ce pour aller faire une baignade nocturne? Ou pour récupérer un ballon qui aurait atterri dans l'enceinte de la piscine, ce qui semble être l'hypothèse privilégiée? Toujours est-il que le garçon de 15 ans aurait décidé d'escalader la clôture entourant la piscine, fermée. Il serait tombé à l'eau, et selon ses amis, il ne savait pas nager.

Après un petit moment, les amis du jeune l'auraient aperçu, flottant dans l'eau. Ils ont réussi à sauter la clôture à leur tour et à l'extirper de là.

Une amie du groupe a composé le 911.

«Il y avait huit ou neuf voitures de police, des ambulanciers, des pompiers. Ils ont travaillé longtemps pour essayer de le réanimer, ils semblaient avoir beaucoup d'espoir», raconte Jennifer Dezan, qui habite en face du parc.

Hélas, le décès du jeune a été constaté à l'hôpital, portant le nombre de noyades depuis le début de 2012 à 50.

La baignade nocturne, évidemment interdite quand la piscine est fermée, semble être une activité fréquente dans ce parc comme dans les autres de l'arrondissement.

Pour y arriver, les baigneurs téméraires doivent franchir une clôture surmontée de trois rangées de fil barbelé.

«Ça arrive au moins trois ou quatre fois par été qu'on entend des gens se baigner le soir», note Mme Dezan.

Un employé municipal qui s'affairait ce matin à réparer la clôture entaillée par les policiers pour avoir accès au jeune, hier soir, dit devoir réparer des clôtures entourant les piscines «tous les deux jours».

Il explique que certains déplacent les trois rangées de barbelés pour les entourer d'une serviette et enjamber la clôture sans se blesser. D'autres coupent carrément les fils ou pratiquent, comme les policiers hier soir, une entaille dans la clôture.

«Souvent ils coupent la clôture des deux côtés de la piscine. Comme ça, si la police arrive, ils sont certains d'avoir une issue pour fuir d'un des deux côtés», renchérit l'employé.

Le directeur des affaires publiques de l'arrondissement LaSalle, Marc Morin, explique que la problématique existe, mais qu'elle s'est grandement résorbée depuis deux ans.

«Avant 2010, c'était beaucoup plus fréquent, et il y avait des parcs beaucoup plus problématiques que le parc Raymond. On a travaillé fort avec a police, avec le groupe Vélo-Sécur, formé de cadets policiers, qui patrouillaient les parcs. Maintenant, nous avons moins de personnel attitré à la réparation des clôtures. Ce n'est plus un dossier sur lequel on travaille pour apporter des correctifs», indique-t-il, ajoutant que seulement deux cas de clôture endommagée par des baigneurs nocturnes ont été rapportés cet été au parc Raymond.

«Nous sommes extrêmement attristés par le décès de ce garçon. Mais c'est un accident. On verra ce que l'enquête du coroner en dira», conclut-il.

Mais peu importe la fréquence de ces baignades interdites, Jennifer Dezan implore les jeunes de cesser.

«Ils doivent arrêter de sauter la clôture. C'est dangereux. Ils se croient invincibles. Mais il n'y a pas de sauveteur !», dit-elle.