Condamné à cinq ans de prison le 9 septembre dernier pour des fraudes commises à l'égard de huit immigrants, de la Sécurité sociale et de Citoyenneté et Immigration Canada, Yafim Goikhberg fait de nouveau face à la justice pour des affaires connexes.



Cette fois, c'est l'Agence des services frontaliers du Canada qui a porté 149 accusations contre cet homme, qui s'est décrit tour à tour comme consultant en immigration, avocat ou traducteur. On lui reproche d'avoir incité ou aidé 48 personnes à faire des déclarations erronées et à utiliser de faux documents entre 2004 et 2009 afin d'obtenir le statut de réfugié ou de résident permanent. Ces personnes provenaient pour la plupart d'Europe de l'Est. Goikhberg les obligeait à adopter une fausse identité et à mentir sur l'histoire de leur vie pour obtenir le statut convoité et de l'aide sociale, mais c'est lui qui s'emparait des chèques.

Lui-même d'origine ukrainienne, M. Goikhberg est arrivé au Canada en 1992 et a obtenu sa citoyenneté canadienne. C'est la troisième fois qu'il est accusé pour des affaires frauduleuses depuis 2007. L'attitude qu'il avait lors de son dernier procès, qui s'est déroulé devant jury comme il l'avait exigé et au cours duquel il s'est défendu seul, a fait douter de sa santé mentale. Mais après évaluation, il a été jugé apte à avoir son procès. «Cela ne signifie pas que Yafim Goikhberg soit une personne totalement saine d'esprit et équilibrée, tel qu'en font foi ses dernières interventions», a noté la juge Sophie Bourque quand elle a prononcé la peine de M. Goikhberg, il y a trois semaines.

Il faut dire que, deux jours avant, il avait présenté une requête en arrêt de procédure au motif que la juge était la «petite-fille d'Eva Braun et d'Adolf Hitler». Il lui reprochait en outre de l'avoir condamné un 20 avril, date de l'anniversaire de son «grand-père» Adolf. Cette requête faisait suite à de nombreuses autres interventions saugrenues, voire délirantes. Bien qu'il ait agi à titre de traducteur pour ses victimes, il a refusé de s'adresser au tribunal dans une autre langue que le russe, ce qui a nécessité la présence d'une interprète durant tout le procès. «Ce faisant, il a démontré son désir d'abuser du système de justice», a noté la juge Bourque, avant de signaler que l'accusé avait aussi insulté ses victimes dans ses contre-interrogatoires et tenu des propos injurieux à l'endroit de plusieurs intervenants.

Au terme de son procès, le jury l'a déclaré coupable de toutes les accusations. Détenu de façon préventive depuis un an et demi, il a été condamné à purger trois ans et demi de plus. La juge lui a en outre ordonné de rembourser à ses huit victimes une somme globale de 13 000$.

En ce qui concerne son nouveau dossier, M. Goikhberg a comparu lundi et doit retourner devant le tribunal le 20 octobre. Certains des plaignants dans ce nouveau dossier sont les mêmes que dans le dossier réglé le 9 septembre dernier. Il est à noter qu'on reproche aussi à M. Goikhberg d'avoir fait des représentations en matière d'immigration dans des ambassades à l'étranger et ici à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.