«Ce qui m'aide dans mon deuil, ce sont mes enfants.» L'ex-cardiologue Guy Turcotte a peut-être tué ses deux enfants le 20 février 2009, mais son ex-conjointe Isabelle Gaston tâche de garder en vie leur souvenir pour l'aider à traverser cette épreuve.

Le verdict tombé la semaine dernière dans le procès de Guy Turcotte, déclaré criminellement non responsable, Radio-Canada a diffusé hier soir l'entrevue que son ex-femme a accordée à l'animateur Josélito Michaud, de l'émission On prend toujours un train pour la vie, un an et demi après le drame, le 17 août 2010. «Il n'a pas réussi à tuer ma capacité de vouloir honorer mes enfants, honorer la vie que j'ai», a confié Isabelle Gaston, le ton posé pendant l'heure que dure son témoignage, en maîtrisant ses émotions malgré quelques trémolos dans la voix.

Urgentologue de profession, la femme a raconté la douleur insoutenable de savoir que ses enfants avaient été poignardés à de multiples reprises. Pour le deuil, elle a dit avoir été en quelque sorte préparée, ayant déjà perdu son père à 13 ans, un frère, une bonne amie au secondaire et un précédent conjoint dans un accident de voiture. «Je suis probablement celle qui a le plus de gens qui l'attendent pour son âge», a-t-elle laissé tomber.

Isabelle Gaston a dit être prête à avoir un autre enfant, mais elle a assuré ne pas vouloir remplacer ou oublier Anne-Sophie et Olivier, qui sont morts à 3 et 5 ans. Elle continue ainsi à souligner leur anniversaire, réalisant notamment un saut en parachute, déguisée en Spiderman, pour la fête de son garçon.

Isabelle Gaston a expliqué ne pas vouloir vendre sa maison ou des objets ayant appartenu à ses enfants pour l'aider à se souvenir d'eux. «Ce n'est pas la table qui me manque, mais le repas que je prenais avec mes enfants. Ce n'est pas la piscine qui va me manquer, c'est le jeu que je jouais dans la piscine. Mon cerveau a plus de facilité à se remémorer les bons moments que j'ai eus avec mes enfants en restant dans ma maison que le contraire.»

La femme a confié avoir ressenti de la culpabilité au lendemain du meurtre de ses deux bambins. «Je pensais sincèrement que ça serait un très grand ami. Je m'en veux d'avoir pensé que notre séparation se passerait à la Walt Disney», a-t-elle dit en référence à Guy Turcotte.

En une heure d'entrevue, Isabelle Gaston ne mentionne pas une fois le nom de son ex-conjoint, parlant de «lui» ou du «père». «Je conçois mal que les mains de la personne qui doit sauver des vies en enlèvent deux gratuitement.»