Le Bureau du coroner a ouvert une enquête sur la mort d'un nouveau-né à la maison de naissance de Pointe-Claire, la semaine dernière. L'événement a donné lieu à un véritable imbroglio entre les sages-femmes et les pompiers quant aux rôles de chacun dans des situations d'urgence.

Vers 9h15, le 21 juin, les responsables de la maison de naissance ont appelé le 911. Ils réclamaient une ambulance pour conduire à l'hôpital une femme qui présentait des complications pendant le travail.

La femme a accouché avant l'arrivée des secours. Elle se portait bien, mais son bébé souffrait à son tour de complications.

Les pompiers ont été les premiers à arriver sur les lieux à titre de premiers répondants. La responsable des services sages-femmes de la maison de naissance, Christiane Léonard, les a empêchés d'entrer dans la chambre. Elle leur a expliqué que les sages-femmes s'occupaient déjà des manoeuvres de réanimation en attendant l'arrivée de l'unité de transport spécialisé de l'Hôpital de Montréal pour enfants.

«Il y a eu une mauvaise compréhension de ce qu'il se passait et un pompier a voulu défoncer la porte», a dit Mme Léonard. Les pompiers ont demandé le renfort des policiers, qui se sont présentés sur les lieux.

Le bébé, qui aurait souffert d'insuffisance cardiaque, serait mort avant l'arrivée de l'équipe de l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Selon Mme Léonard, les pompiers n'auraient rien pu faire pour le nourrisson. Elle souligne que, contrairement aux sages-femmes, ils n'ont pas de formation en réanimation néonatale avancée. Les maisons de naissance ont tout l'équipement et les médicaments nécessaires pour réanimer et intuber un nouveau-né en attendant l'arrivée de l'unité de transport spécialisé, ajoute-t-elle.

La responsable des communications du CSSS de l'Ouest-de-l'Île, Sandrine Charpentier, affirme elle aussi que «tous les soins ont été donnés au bébé». Selon elle, l'équipe de la maison de naissance a suivi le protocole à la lettre. Le CSSS de l'Ouest-de-l'Île a signé une entente avec Urgences-santé en novembre pour lui demander «de ne pas affecter le service de premiers répondants pour tous les appels de priorité immédiate».

«Les policiers et les pompiers ne comprenaient pas les rôles et les pouvoirs des sages-femmes», a dit Mme Charpentier.

Selon les premières informations diffusées, les pompiers ont «suivi le protocole établi», affirme pour sa part Isabelle Lord, de la Division des communications du Service de sécurité incendie de Montréal.

«Ils n'ont pu obtenir le numéro de pratique du professionnel de santé responsable du patient, a-t-elle expliqué. Nous avons la responsabilité légale de ne pas abandonner le patient. C'est pour cette raison que les pompiers ont fait appel à leur chef aux opérations ainsi qu'aux intervenants du SPVM.»

Trois enquêtes

Le Bureau du coroner a ouvert une enquête, comme il le fait systématiquement lors du décès de nourrissons qui ne présentent pas un problème de santé connu. Le Service de police de la Ville de Montréal a aussi ouvert une enquête pour assister le Bureau du coroner.

Enfin, le syndic de l'Ordre des sages-femmes du Québec enquête également. «Lorsque de tels cas arrivent, les gens sont très touchés et c'est important pour nous de dire qu'on veille à ce que tout soit bien fait», a dit la présidente de l'Ordre, Marie-Ève St-Laurent.

Mme St-Laurent souligne que le taux de mortinaissance dans les maisons de naissance au Québec est de 2,9 pour 1000 naissances, un taux moindre que celui dans les hôpitaux, qui est de 4,2 pour 1000 naissances.