Après avoir découvert que son voisin avait du matériel de pornographie juvénile dans son ordinateur, Patrick Bélanger l'a tué. Or, la possession de pornographie juvénile a beau être un crime «révoltant», «horrible», cela ne donne pas le droit à un citoyen de jouer les justiciers.

C'est ce qu'a fait valoir le procureur de la Couronne, Thierry Nadon, hier, au moment des plaidoiries sur la peine à infliger au jeune homme de 28 ans. En janvier dernier, Patrick Bélanger a plaidé coupable à une accusation réduite d'homicide involontaire.

De son côté, Me Julien Archambault, en défense, a soutenu que la découverte du matériel de pornographie juvénile devait être considérée comme un facteur atténuant. Le père de l'accusé a été victime de sévices sexuels et physiques dans sa jeunesse, a révélé la défense. Le jeune homme aurait en quelque sorte voulu venger son père en s'en prenant à un cyberpédophile.

La victime, Leonard Wells, 62 ans, habitait dans le même immeuble que l'accusé, à LaSalle. Ils étaient amis. Wells invitait souvent le jeune homme, qui souffrait d'un problème d'alcool, à boire de la bière chez lui.

Le 25 juillet 2009, l'accusé a découvert dans l'ordinateur de Wells une série de photos d'enfants dans des positions sexuelles explicites. Choqué, il a quitté le logement. Il a téléphoné au 911 et demandé aux policiers de venir rapidement, sans quoi il allait lui-même régler le compte de Wells.

Menace à exécution

L'accusé, qui n'avait pas d'antécédents judiciaires, a mis sa menace à exécution environ 20 minutes plus tard. Intoxiqué à l'alcool, il a asséné trois coups de poing et autant de coups de pied à l'homme de 62 ans. Il a immédiatement rappelé la police pour annoncer que sa victime gisait dans son sang. Wells a sombré dans le coma et est mort moins d'un mois plus tard. Bélanger l'ignorait, mais Wells avait été condamné en Ontario pour avoir agressé sexuellement de jeunes garçons.

Depuis son arrestation, l'accusé a suivi une thérapie pour régler son problème d'alcool. «Je suis plus libre en prison que lorsque je prenais de la drogue et de l'alcool. Je n'avais pas de but dans la vie avant de suivre cette thérapie», a témoigné le jeune homme, qui rêve aujourd'hui de devenir soudeur. Il a même remercié la poursuite de l'avoir inculpé. «Je sais que je dois payer pour ce que j'ai fait. Je n'en veux pas à la Couronne d'avoir fait son travail. Sans le système de justice, la vie serait un chaos», a-t-il ajouté.

Ses parents, son parrain chez les Alcooliques anonymes, un ancien employeur et une vieille amie ont tour à tour décrit Bélanger comme un jeune homme «non violent» rempli de potentiel. Un intervenant social de la maison de thérapie Freedom House a même plaidé pour que le jeune homme purge sa peine dans la communauté. Le père de l'accusé, Michael Bélanger, a raconté qu'il avait abandonné son fils lorsqu'il était enfant pour «régler ses propres problèmes». Il a repris contact avec lui à l'adolescence. Assis dans le box des accusés, son fils a éclaté en sanglots.

La défense suggère une peine de trois ans de prison, alors que la Couronne propose une peine de six ans. La juge Louise Bourdeau, de la Cour du Québec, rendra sa décision le 21 avril.