Les recherches pour retrouver un homme d'affaires de 51 ans d'origine sherbrookoise et domicilié à Ottawa se sont conclues tragiquement après que son corps eut été retrouvé dans le coffre de son automobile de location, a annoncé sa famille dimanche.

Daniel Dion, gestionnaire d'une entreprise basée à Acapulco qui employait des prisonniers pour confectionner des sacs à partir de matériaux recyclés, avait été vu pour la dernière fois le 22 octobre. Il se trouvait alors dans un restaurant.

Vendredi, les forces de l'ordre avaient confirmé que la voiture de M. Dion avait été retrouvée complètement calcinée, environ 33 kilomètres au nord de la ville de Chilpancingo, dans l'État du Guerrero. Un cadavre se trouvait dans le coffre arrière du véhicule

Plusieurs membres de la famille de la victime s'étaient rendus jusqu'au Mexique pour se lancer à sa recherche après avoir réalisé qu'il n'avait pas pris le vol qui devait le ramener au Canada, mardi dernier. Il avait aussi cessé de les contacter depuis quelques jours.

Gaétan Dion, le frère de la victime, et Shanny Bolduc, le neveu de celle-ci, ont envoyé une lettre aux médias. Il y exposent les heures douloureuses pendant lesquelles ils ont dû se battre avec les autorités mexicaines et l'entreprise de location d'autos pour comprendre ce qui était arrivé à Daniel Dion.

Shanny Bolduc a découvert que son oncle louait une Jetta blanche auprès de la compagnie Hertz et que le véhicule était équipé d'un appareil GPS. L'entreprise de location est entrée en contact avec le gestionnaire du réseau GPS et a confirmé la macabre découverte mercredi.

«J'avais du mal à avaler et à retenir mes larmes devant la soeur et la conjointe de Daniel, qui attendaient des nouvelles», a écrit M. Bolduc dans la lettre.

Ce n'est que plusieurs jours plus tard que la famille a pu remettre en place les morceaux du casse-tête.

Ils se sont rendus sur la scène de crime vendredi, une zone isolée cachée par les broussailles, à environ 130 kilomètres d'Acapulco.

Le véhicule était complètement détruit.

«Nous nous sommes penchés sur le coffre arrière puisque tout ce qui était dans l'auto avait fondu», a écrit Shanny Bolduc. «À travers les orifices des clignotants, nous pouvions voir ce qui ressemblait à des os».

À travers les débris, les membres de la famille ont aussi trouvé une montre brûlée qu'ils croyaient appartenir à Daniel Dion.

Selon le directeur de la police d'enquête de l'État de Guerrero, Fernando Monreal, une plaque d'immatriculation de la voiture a résisté à l'incendie, ce qui a permis aux autorités de constater qu'il s'agissait de la Jetta de M. Dion.

Dimanche, les enquêteurs mexicains ne voulaient toujours pas confirmer publiquement que les restes trouvés étaient ceux de M. Dion.

La famille avait déjà indiqué qu'elle était frustrée du rythme trop lent avec lequel les autorités mexicaines et les diplomates canadiens menaient leur enquête.

C'est pour cette raison qu'ils ont lancé leur propre investigation, retraçant les pas de Daniel Dion, vérifiant les hôpitaux et demandant l'aide du public.

«Si nous avions un conseil à donner à quiconque devant vivre le cauchemar vécu par notre famille, c'est le suivant : trouvez un interprète et lancez votre propre enquête», ont écrit MM Bolduc et Dion.

Daniel Dion se rendait souvent au Mexique et connaissait bien la ville d'Acapulco.

Sa famille a indiqué que la victime transportait entre 500 et 5000 $ le soir de sa disparition.

Le ministère fédéral des Affaires étrangères a affirmé qu'il avait été mis au courant de «nouveaux développements» concernant ce cas mais n'a pas voulu confirmer quelque détail que ce soit.

Daniel Dion était au Mexique depuis le 28 septembre. Sa famille a indiqué qu'il était un homme d'affaires très connu qui connaissait plusieurs responsables gouvernementaux bien placés, et même le président du pays, Felipe Calderon.

Acapulco demeure une destination touristique recherchée mais est frappée par la violence des trafiquants de drogue depuis quelques années. Deux factions rivales du cartel de drogue de Beltran Leyva se livrent une lutte ayant provoqué la mort de nombreuses personnes.

Le maire d'Acapulco, Jose Luis Avila Sanchez, avait demandé plus tôt cette semaine à la population locale de demeurer chez elle à la tombée de la nuit, une indication inhabituelle pour une ville dont l'économie repose sur la vitalité des boîtes de nuit et des restaurants.

Le porte-parole libéral en matière d'Affaires étrangères, Dan McTeague, a déclaré qu'il aimerait voir des rapports de situation pour les Canadiens en voyage à l'étranger.

«Les Canadiens doivent obtenir des mises à jour régulières, incluant des informations précises sur les différentes villes», a-t-il dit, soulignant qu'Acapulco n'était pas sur une liste d'avertissement.

Des Canadiens ont été au centre de plusieurs incidents violents au Mexique dans les dernières années.

Le 17 septembre 2009, la Montréalaise Renée Wathelet avait été retrouvée poignardée à mort dans son appartement sur une île du paradis touristique de Cancun. La police avait plus tard arrêté un marin en lien avec ce crime.

Dix jours plus tard, Gordon Douglas Kendall et Jeffrey Ronald Ivans ont tous deux été abattus de façon semblable aux exécutions, dans un condominium de Puerto Vallarta.

À l'époque, un porte-parole de la Gendarmerie royale du Canada avait indiqué que la division du crime organisé et les unités antigang soupçonnaient que MM Kendall et Ivans étaient impliqués dans un trafic de drogue en Colombie-Britannique.