Lorsque le procureur de la Couronne a précisé qu'il s'opposait à la mise en liberté de Giuseppe De Vito, quelques rires ont retenti dans la salle d'audience du palais de justice de Montréal. Même l'accusé, jusque-là impassible, a esquissé un léger sourire.

Après avoir échappé aux policiers pendant près de quatre ans, le caïd Giuseppe De Vito n'avait pour ainsi dire aucune chance d'être mis en liberté. C'était l'un des rares accusés toujours au large depuis l'opération antimafia Colisée, menée en novembre 2006.

Considéré comme une grosse pointure de la mafia italienne, De Vito, 44 ans, a été formellement accusé mardi sous deux chefs de complot et deux chefs de gangstérisme en lien avec une affaire d'importation de 218 kg de cocaïne à l'aéroport Montréal-Trudeau survenue en 2005.

Arme prohibée

Arrêté lundi matin à Laval, Giuseppe De Vito a également été accusé de possession d'arme prohibée. Lors d'une perquisition menée en soirée au domicile de son amie de coeur, à Saint-Léonard, les policiers ont trouvé une arme à feu et des munitions. Sa copine, Gina Conforti, a été accusée de complicité après les faits, car la Couronne soupçonne qu'elle l'a aidé à se cacher.

Vêtu d'un long manteau noir, les cheveux aux épaules, Giuseppe De Vito a longuement scruté la salle d'audience pendant sa brève comparution. De toute évidence, le mafioso s'est littéralement métamorphosé au cours des dernières années.

Jadis grassouillet, Giuseppe De Vito aurait perdu environ 75 livres depuis quatre ans, selon ce que La Presse a pu apprendre. Des sources policières maintiennent également qu'il aurait eu recours à la chirurgie plastique, notamment pour refaire son nez. Son apparence a tellement changé qu'au printemps 2009, il aurait réussi à tromper des enquêteurs de la GRC, venus l'interpeller à Laval, en montrant de faux papiers.

L'avocat de De Vito, Me Daniel Rock, a nié mardi que son client ait eu recours à la chirurgie plastique. «Il a perdu du poids parce qu'il va au gym, c'est tout», a-t-il affirmé.

Bien qu'il ait été activement recherché, Giuseppe De Vito passait incognito à Saint-Léonard, où il était connu sous le prénom de Mike. «On le voyait depuis environ six mois», a dit un voisin. «À mes yeux, c'était un homme gentil qui ne ferait pas de mal à personne», a dit une autre voisine, qui ignorait tout de sa réelle identité.

La police a une tout autre opinion de l'individu. Selon nos sources, Giuseppe De Vito est considéré comme un acteur important de la mafia montréalaise. Bien qu'il ait été en cavale, il en menait large dans le milieu interlope, où il aurait tenté de faire sa place.

Selon nos informations, il ferait aujourd'hui partie des jeunes loups qui cherchent à ébranler la vieille garde. À l'époque de l'opération Colisée, De Vito relevait de Francesco Arcadi, de la grande famille Rizzuto, et il faisait dans le trafic de drogue, les paris clandestins et le prêt usuraire.

Son arrestation survient à un moment où une guerre interne déchire la mafia montréalaise. Le dernier incident remonte à la semaine dernière, lorsqu'Ennio Bruni, homme de main du clan Arcadi, a été tué par balle devant un bar de Laval.

Ses deux fillettes tuées

Rappelons que Giuseppe De Vito est le père des deux fillettes qui auraient été tuées par leur mère Adèle Sorella, à Laval, en mars 2009. Mme Sorella est aujourd'hui en liberté provisoire.

Giuseppe De Vito sera de retour devant le juge le 21 octobre.

Avec la collaboration de Caroline Touzin