Le juge Claude Millette a opté pour la clémence à l'égard de l'ex-douanière Nancy Cedeno, à qui il a imposé une peine de moins de deux ans à purger dans la collectivité, ce matin au palais de justice de Montréal.

La Couronne réclamait cinq ans de pénitencier pour la femme de 35 ans, qui à été déclarée coupable de corruption. Alors qu'elle était à l'emploi de l'Agence des services frontaliers du Canada, elle avait donné des cartes de déclaration douanière pré-estampillées à un complice, Omar Riahi, pour éviter la fouille de bagages. Ces cartes devaient servir à des personnes qui désiraient passer des stupéfiants à la douane. Les crimes ont été commis entre juillet 2005 et mai 2006. Son arrestation s'est produite dans le cadre de l'opération Colisée.

Le procureur de la Couronne Alexandre Dalmeau recommandait une peine sévère visant la dissuasion générale. Il mettait aussi en relief l'importance de la fonction occupée par Mme Cedeno. Celle-ci avait accepté de commettre le crime, en retour d'une rémunération, qu'elle n'aurait finalement pas obtenue.

En défense, Me Robert Bellefeuille s'est attardé à faire ressortir les problèmes personnels et l'état psychologique de Mme Cedeno, qui souffre de dépression majeure. Elle a tenté de se suicider à quelques reprises. Le juge y a été sensible.

«Il est manifeste que Nancy Cedeno n'avait aucun lien avec le crime organisé, a noté le juge Millette dans sa décision. De plus, elle n'a aucun antécédent judiciaire. Les risques de récidive sont manifestement nuls, considérant la cause de ses agissements criminels et l'impossibilité qu'elle puisse réintégrer son poste de douanière. Elle mérite donc non seulement la clémence de la Cour, mais aussi une mesure sentencielle favorisant son retour à la santé et sa réinsertion sociale.» Mme Cedeno a été condamné à une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité, à 200 heures de travaux communautaires. Le juge lui a aussi imposé des conditions, dont un couvre-feu pendant la première année, et l'interdiction d'aller dans des bars.