Dans un jugement sévère, où il mentionne son «ego visiblement important», son «incompétence flagrante comme administrateur», ses problèmes d'alcool et sa malhonnêteté, le juge Jean Sirois a déclaré ce matin l'ex-chef de police de Deux-Montagnes Normand Mastromattéo coupable de sept des 13 chefs d'accusation de fraude et d'abus de confiance auxquels il faisait face.

M. Mastromattéo a notamment été épinglé pour avoir empoché 11 500 $ qu'il devait remettre à un informateur et volé 1500 $ en argent comptant qui se trouvait dans le coffre-fort du service de police. L'informateur en question est celui qui avait permis en 2002 la spectaculaire opération Balayage, qui s'était soldée par la découverte de 15 serres hydroponiques à Sainte-Marthe-sur-le-lac. L'enquête avait été compliquée par le fait que les deux principaux témoins, l'informateur et le directeur de police adjoints de l'époque, sont aujourd'hui décédés.

M. Mastromattéo a en outre été reconnu coupable d'abus de confiance pour avoir offert à son ancienne femme un ordinateur d'occasion appartenant à la Ville, et s'être de la même façon approprié un pulvérisateur, une scie sauteuse et une caméra numérique retrouvés dans son domicile.

Le juge lui a laissé le bénéfice du doute quant à d'autres vols de même nature dont il était accusé, notamment celui d'une télévision et d'une mini-chaîne stéréo DVD qu'on a retrouvées chez lui.

Manifestement, la thèse du coup monté utilisée par la défense n'a pas convaincu le juge, qui estime qu'elle « ne tient pas la route ». Il cite dans son jugement le nom de 11 personnes qui auraient dû être de mèche pour ce complot, notamment le directeur général de la municipalité, la secrétaire de l'accusé, plusieurs policiers et des fonctionnaires.

«Il est surprenant et décevant de constater qu'un directeur de police (...) a détourné ainsi des sommes d'argent ou des objets d'une valeur somme toute pas très importante, écrit le juge Sirois. Une chose est certaine, l'accusé a (...) agi de façon malhonnête, comme la preuve l'a démontré.» Le procureur de la Couronne, Jacques Dagenais, estime qu'il ne s'agit pas d'un jugement «très surprenant dans la mesure où la preuve était très forte». «Il y avait des éléments de preuve incontournables», précise-t-il. Aussitôt le jugement tombé, Normand Mastromattéo a quitté la salle d'audience. Son avocat, Me Claude Olivier, a annoncé qu'il ferait part de ses commentaires après avoir lu le jugement de 27 pages.

Il a expliqué le départ précipité de M. Mastromattéo par le fait que celui-ci avait eu «un malaise» et s'est rendu d'urgence à l'hôpital.

Les deux parties ont rendez-vous au palais de justice de Saint-Jérôme le 18 mai afin de fixer une date pour la suite des procédures. Le procureur de la Couronne précise qu'il a «un aperçu» de la sentence qu'il entend réclamer mais souhaite d'abord en faire part au juge.