Libéré après l'avortement de son procès pour meurtre en 2008, John Tshiamala doit de nouveau faire face à la justice.

L'homme de 24 ans, connu de la police comme membre du gang des Bleus, a comparu hier au palais de justice de Montréal sous huit chefs d'accusation de voies de fait armées et de séquestration. La police avait lancé un mandat d'arrêt contre lui il y a un mois.

 

Assis dans le box des accusés, le jeune homme, vêtu d'un t-shirt à l'effigie du rappeur assassiné Tupac, était tout sourire, hier, lors de sa brève comparution. Il se présentera de nouveau devant le juge mercredi pour l'enquête sur sa libération sous cautionnement mais restera incarcéré d'ici là.

Erreur sur la personne

La libération des cinq présumés meurtriers de Raymond Ellis, poignardé à mort au bar Aria en 2005, en avait scandalisé plusieurs à l'époque. Ellis était un jeune vendeur de vêtements sans histoire, que les Bleus avaient pris pour un membre d'un gang rival. Ses agresseurs - qui commémoraient l'assassinat de l'un des leurs ce soir-là - ne lui avaient donné aucune chance de s'expliquer.

En janvier 2008, la juge Sophie Bourque a ordonné l'avortement du procès au motif que la Couronne s'était rendue coupable d'abus de procédure. L'histoire est complexe. Le témoin-vedette de la poursuite, Wilkerno Dragon, avait décidé de ne plus collaborer avec cette dernière. Le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, a alors demandé une remise «pour se préparer» à la suite de l'interrogatoire de Dragon. En fait, c'était plutôt pour envoyer deux agents doubles en prison pour qu'ils soutirent des aveux au témoin hostile.

La juge Bourque a reproché à la Couronne ce «faux prétexte», de même que d'avoir présenté une preuve «douteuse» obtenue grâce à un informateur de police. La Couronne a porté cette décision en appel.