Les Outlaws, gang majeur de la métropole, auraient utilisé des prostituées comme prête-noms pour louer des appartements qui servaient de repaires pour leurs activités criminelles.

C'est du moins la thèse que la Couronne a exposée, lundi, à l'ouverture du procès de Roy Haynes Jr., chef présumé des Outlaws, et de cinq coaccusés au palais de justice de Montréal.L'homme de 34 ans est à la tête d'un réseau de trafiquants qui écoulait de 1 à 2 kg de cocaïne et de crack par mois dans le sud-ouest de la ville, selon la thèse de la poursuite.

Roy Haynes Jr. est le «numéro 1» de l'organisation, a indiqué la procureure de la Couronne, Me Nathalie Brissette, dans sa déclaration d'ouverture. Il est responsable de l'achat de la drogue ainsi que des transactions avec le fournisseur, a expliqué l'avocate, qui fait équipe avec Me Gianni Cuffaro.

Haynes a plusieurs surnoms, dont Capone, The Boss et Fat Boy.

En plus d'être soupçonné de gangstérisme et de trafic de drogue, il est accusé de proxénétisme. Il se serait servi des revenus tirés du travail de ses prostituées pour acheter de la drogue. Fait particulier: l'une des victimes, qui se présente comme la conjointe de Haynes, est aussi accusée dans cette affaire.

Kaila Squires, alias Mocha, aurait permis aux Outlaws de l'utiliser comme prête-nom pour louer des appartements qui servaient de cache ou de lieu de vente de stupéfiants, a expliqué Me Brissette au juge Jean-Pierre Boyer. La jeune femme de 22 ans est aussi accusée de possession illégale d'une arme à feu. Haynes et Squires sont défendus par Me Claude Olivier.

Les Outlaws font du trafic de stupéfiants au centre-ville et dans les quartiers de Pointe-Saint-Charles, Verdun et Saint-Henri, a énuméré la poursuite.

Les quatre autres accusés dans cette affaire sont Jason Fraser, Marvin Corbin alias Joe Black, Randall Riley alias Breezee et Keiths Samuels alias Dreads. Tous sont détenus, sauf Kaila Squires.

L'enquête de la police de Montréal, qui a commencé en novembre 2006, a duré deux ans. La division du crime organisé n'a pas lésiné sur les moyens: elle a eu recours à des agents d'infiltration, à de l'écoute électronique et à la filature pour bâtir la preuve.

Durant l'enquête, la police a même installé cinq caméras pour filmer à leur insu les accusés, notamment à la principale cache de drogues des Outlaws, rue Jeanne-Mance.

L'opération, baptisée Satellites, s'est conclue le 28 mai 2008 avec l'arrestation des suspects et de nombreuses perquisitions dans différents appartements loués par le gang. Les policiers ont notamment saisi cinq armes à feu.

Le procès, qui se déroule devant un juge seul, devrait durer environ un mois et demi.