Un individu sain d'esprit qui fait une psychose après avoir consommé volontairement de la drogue ne peut invoquer les troubles mentaux pour sa défense, a confirmé la Cour d'appel du Québec, hier, en rejetant l'appel de Tommy Lebrun, 25 ans.

Le plus haut tribunal de la province a également refusé de réduire la peine de cinq ans infligée au jeune Gaspésien pour les malheureux événements survenus en octobre 2005. La peine est sévère, mais elle n'est pas «non indiquée», lit-on dans la décision écrite par la juge France Thibault, à laquelle se rallient les juges Louis Rochette et Guy Gagnon.En proie à une psychose sous forme de délire religieux, Lebrun, étudiant sans histoire originaire de la région d'Amqui, avait sévèrement battu un sexagénaire, Roger Dumas, dans la nuit du 25 octobre 2005. La victime, qui est restée gravement handicapée à la suite de cette agression, avait tenté de défendre un voisin que Tommy Lebrun et Yohan Schmouth, manifestement drogués et tenant un discours délirant, étaient en train de rosser. Les deux jeunes hommes s'étaient introduits dans un immeuble à appartements d'Amqui, vers 5h du matin, pour aller battre un certain Danny. Dans l'esprit des deux intrus, le Danny en question portait une croix à l'envers, signe qu'il était l'antéchrist.

Selon le témoignage de Schmouth, Lebrun et lui avaient consommé de la «poire bleue», une forme d'ecstasy, achetée cette nuit-là. Malgré le fait qu'il était un habitué des drogues, Schmouth a signalé que ces fameuses pilules avaient «claqué en tabarnac».

Au procès, deux psychiatres ont établi que Lebrun ne pouvait distinguer le bien du mal quand il s'en est pris à M. Dumas, mais les experts ne s'entendaient pas sur la cause de cette psychose.

Le juge de première instance avait conclu, comme l'un des deux psychiatres, qu'elle avait été induite par la drogue, si bien que Lebrun devait être tenu responsable de ses actes. La Cour d'appel est aussi de cet avis. Tommy Lebrun, qui travaille et n'a jamais eu d'autre problème avec la justice, devra donc se constituer prisonnier pour aller purger sa peine.

Me Véronique Robert, qui représentait Lebrun dans cette affaire, est évidemment fort déçue de la décision. Elle ne pouvait dire, hier, si la cause allait se rendre plus loin. «Je veux étudier la décision plus à fond et parler avec mon client», a-t-elle dit à La Presse.