Brandon Pardi, ce jeune homme accusé de négligence criminelle et de conduite dangereuse ayant causé la mort de la petite Bianca Leduc, il y a deux ans, sera jugé comme adulte. La Cour suprême a refusé d'entendre sa cause, jeudi.

Terrible concours de circonstances, Pardi fêtait ses 18 ans le jour où il a fauché l'enfant de 3 ans avec sa voiture, le 31 octobre 2007. La petite se trouvait chez sa gardienne à L'Île-Perrot, et aidait à poser des décorations d'Halloween sur le terrain, quand la voiture folle a surgi et l'a écrasée. Dès le début du processus judiciaire, l'âge de Pardi a été au coeur des audiences en vue du procès. Son avocat, Me Pierre Joyal, soutenait qu'un accusé qui a ses 18 ans le jour du crime qu'on lui reproche a droit à un délai de grâce de 24 heures. Autrement dit, le jeune accusé devait être jugé devant un tribunal de la jeunesse.

En juin 2008, la juge de la Cour du Québec Odette Perron avait accueilli la requête de Me Joyal et statué que Pardi serait jugé devant le Tribunal de la jeunesse. Cette décision a toutefois été renversée le 30 septembre 2008 par le juge de la Cour supérieure Richard Mongeau, parce que l'heure du crime allégué était établie avec certitude, et que le jeune avait bien ses 18 ans, à ce moment-là. La Cour d'appel a ensuite maintenu le jugement Mongeau. Jeudi matin, le plus haut tribunal du pays a définitivement scellé l'issue de cette affaire, en refusant d'entendre la cause. Me Joyal croit cependant que la question n'a pas véritablement été tranchée. La Cour suprême n'a pas à donner de motifs quand elle refuse d'entendre une cause. «Peut-être qu'elle trouve qu'on n'a pas raison, mais elle pourrait aussi décider d'entendre une cause semblable d'une cour de l'Alberta ou d'ailleurs, dans trois ans», dit-il. Quoi qu'il en soit, le processus va maintenant suivre son cours. Me Joyal affirme d'ailleurs avoir une défense sérieuse à présenter au procès.

Nadine Leduc, la mère de la petite Bianca, a accueilli la nouvelle avec soulagement, mais elle trouve que le processus prend bien du temps. «C'est vraiment long», a-t-elle confié jeudi, à un journaliste de CTV, de son travail, à Pointe-Claire. «Ce n'est pas pour Bianca qu'on se bat, car elle, elle ne souffre pas, elle est bien où elle est. C'est pour nous. C'est nous qui voulons qu'il paie», a-t-elle dit, avec émotion. Elle dit s'efforcer de vivre comme avant, sauf qu'il y a un «grand vide».

Brandon Pardi doit être de retour devant le tribunal de Valleyfield le 16 novembre prochain, pour son enquête préliminaire. L'ami de Pardi, qui conduisait une autre voiture, fait face aux mêmes accusations dans cette affaire, même si son véhicule n'a pas touché l'enfant.

Depuis le jour fatidique, les deux jeunes sont sous le coup d'une interdiction de communiquer ensemble. Le 7 novembre 2008, ils auraient enfreint cette interdiction, ce qui a valu à chacun une accusation de bris de condition. La procédure à ce sujet est en cours, à Montréal.