Une nouvelle étude, publiée mercredi dans la Revue canadienne de criminologie et de justice pénale, laisse entendre que la majorité des armes à feu qui ont été utilisées pour commettre des crimes au Canada ont été introduites en contrebande des États-Unis.

Selon ce qu'a déterminé l'étude, les meilleures données disponibles indiquent qu'environ les deux tiers des armes à feu saisies au Canada proviennent du sud de la frontière.

C'est une situation que les Américains n'accepteraient vraisemblablement pas si elle était inversée, a noté l'une des auteurs du rapport.

«Les États-Unis n'hésitent jamais à attirer l'attention sur les menaces posées à leur sécurité», a déclaré Wendy Cukier de l'Université Ryerson, qui a contribué à l'étude et qui est une militante connue pour le contrôle des armes à feu.

«Le Canada souligne rarement l'évidence suivante: les lois laxistes des Américains sur les armes à feu résultent non seulement en de plus grands nombres d'Américains abattus, mais alimentent aussi le commerce illégal des armes, ainsi que les homicides perpétrés avec des armes de poing au Canada, au Mexique, dans les Caraïbes et de fait, partout dans le monde».

L'étude, menée par Mme Cukier et des chercheurs aux États-Unis et en Grande-Bretagne, a examiné le marché clandestin qui existe entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.

«Il n'est pas possible de déterminer avec certitude le pourcentage d'armes à feu utilisées pour commettre des crimes au Canada ou au Mexique qui ont effectivement été importées illégalement des États-Unis. Mais il y a des preuves valables et disponibles qui indiquent que cette proportion est élevée», peut-on lire dans l'étude.

«Il y a en fait très peu de crimes perpétrés avec des armes de poing qui proviennent d'un lieu autre que les États-Unis.»

En 2006, la police de Toronto a retracé avec succès la vente originale de 181 armes à feu utilisées lors de crimes. Du nombre, 120 provenaient des États-Unis.

Un programme ontarien visant à retracer l'origine d'armes à feu a révélé que 69 pour cent des 705 armes utilisées en 2007 pour commettre des crimes dans cette province provenaient des États-Unis. Environ 90 pour cent de ces armes comportaient des restrictions d'utilisation au Canada ou y étaient carrément interdites.

La même année, selon les responsables du Programme canadien des armes à feu, des 710 pistolets utilisés par des criminels et que l'organisation a pu retracer, 54 pour cent avaient été introduits illégalement au pays.

Par ailleurs, des fonctionnaires des douanes du Canada ont révélé avoir saisi 514 armes à usage restreint ou interdites, l'an dernier. Les agents des douanes interceptent environ trois pour cent du trafic illégal d'armes.

La plupart des armes de contrebande utilisées lors de crimes sont des armes de poing. La majorité des armes importées illégalement des États-Unis se retrouvent dans les mains de membres de groupes criminalisés.

Malgré cela, il reste difficile d'avoir des données complètes sur les origines des armes utilisées pour commettre des crimes.

Mme Cukier a dit que le Canada devrait intensifier ses efforts pour combattre le trafic d'armes.

Le Canada n'a pas ratifié le Protocole des Nations Unies sur les armes à feu, en vertu duquel les pays signataires s'engagent à faire plus pour mettre fin au trafic illégal des armes de petit calibre.