Le juge Claude Champagne a rejeté, mardi matin, la requête de la famille Bennis qui s'opposait au dépôt en preuve des deux principaux rapports ayant conclu à la légitime défense du policier qui a abattu Mohammed Anas Bennis, le 1er décembre 2005, à Montréal.

 Les deux documents en question sont le rapport du Service de police de Québec, qui a mené l'enquête sur la mort tragique du jeune Bennis, et le rapport du procureur de la Couronne, qui a décidé de ne porter aucune accusation contre les policiers impliqués.

La famille Bennis craignait qu'en déposant ces documents, qu'elle réclamait pourtant depuis longtemps, cela saboterait la tenue d'une enquête publique du coroner. Mais au terme de son délibéré, le juge Champagne a conclu que ces deux éléments de preuve étaient la pierre angulaire dans le débat, et qu'il fallait qu'ils soient déposés. Il a cependant imposé une ordonnance de non publication sur leur contenu, question de savoir si oui ou non, il y aura une enquête publique.

Pendant toute la journée de mardi, les avocats ont débattu de la requête de la Fraternité des policiers qui veut faire annuler la tenue de l'enquête publique du coroner, ordonnée en juin dernier par la coroner en chef Louise Nolet. Me Pierre Dupras, qui représente la Fraternité, a plaidé que l'affaire Bennis avait été examinée sous toutes les coutures par cinq «corps gouvernementaux», qui ont tous conclu à l'absence de responsabilité criminelle des deux policiers impliqués dans les événements ayant mené à la mort de Bennis.

La thèse officielle retenue est que le jeune homme de 25 ans sortait d'une mosquée le matin du 1er décembre 2005, et qu'il a attaqué sans raison un policier qui participait à une opération sur la rue Kent, à Côte-des-Neiges. Bennis a blessé avec un couteau le policier Yannick Bernier, qui a répliqué par deux coups de feu. Son collègue, Jonathan Roy a aussi dégainé mais n'a pas tiré.

La famille Bennis ne croit pas à cette version, et soupçonne une affaire de profilage racial. Le jeune homme n'avait pas un passé violent et n'avait jamais éprouvé de maladie mentale, assure la famille. Comme Me Alain Arsenault, qui représente la famille, n'a pas eu le temps de plaider, l'audience sur la requête en nullité se poursuivra cet automne, à une date qui n'a pas été déterminée.