Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a dévoilé de nouveaux détails dans la cause du présumé terroriste Mohamed Harkat, incluant de nouvelles allégations voulant qu'il ait entretenu des liens avec un lieutenant d'Al-Qaïda, Abu Zubaydah.

Les avocats de la défense affirment cependant que ce nouveau matériel ne fait que mettre en lumière un frustrant processus judiciaire largement placé sous le sceau du secret.

Le SCRS allègue depuis longtemps que Harkat a entretenu des liens avec Zubaydah, qui a été arrêté par les forces américaines et qui est détenu à Guantanamo. Toute information venant de la bouche de Zubaydah est toutefois considérée comme suspecte, puisqu'il est présumé qu'il aurait été torturé par ses geôliers.

Le SCRS affirme depuis des années qu'il possède une preuve indépendante du lien entre Harkat et Zubaydah, mais il n'avait jamais rendu aucun détail public à ce sujet jusqu'à mardi.

Dans un document déposé en cour, l'agence résume une conversation tenue en mars 1997 dans laquelle Harkat aurait dit à un associé non identifié, à Ottawa, qu'il «connaissait Abu Zubaydah personnellement». On ignore cependant si l'information a été obtenue par écoute électronique ou par un informateur anonyme.

L'un des avocats de Harkat, Matt Webber, croit que l'information a été obtenue grâce à un informateur. Selon lui, cela pose un problème, puisque le juge Simon Noël a déjà déclaré que l'identité des informateurs doit rester secrète pour des raisons de sécurité nationale. Aucune information à leur sujet ne peut être divulguée, pas même aux deux avocats spéciaux assignés au procès, Paul Copeland et Paul Cavalluzzo. Ceux-ci sont chargés d'assister aux audiences à huis clos pour évaluer les renseignements secrets du gouvernement, contre-interroger les témoins et protéger les droits de Harkat.

Selon Me Webber, empêcher ces avocats de tester la crédibilité des informateurs affaiblit le processus judiciaire.