Le propriétaire d'un bar de danseuses de Laval vient de voir son permis suspendu pour avoir toléré prostitution et trafic de stupéfiants à l'intérieur de son établissement. Le Champion Bar sera fermé pour deux mois, vient de trancher la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ).

«Le titulaire a fait preuve de négligence flagrante en ce qui concerne le contrôle de son établissement», affirme la RACJ dans une décision rendue le 17 février.

 

En 2003 et 2004, des agents doubles de la police de Laval ont infiltré le bar du boulevard des Laurentides. Ils y ont observé des échanges sexuels véritables et simulés sur la scène. Loin de décourager ces gestes, le propriétaire, alors en état d'ébriété, a même applaudi lors de l'une de leurs visites.

Des danseuses ont proposé des «extras» aux agents. Une autre leur a procuré du cannabis.

L'opération d'infiltration s'est soldée par une descente le 21 octobre 2004. Certaines employées du bar ont été accusées d'avoir commis des actions indécentes. D'autres, d'avoir communiqué avec une personne dans le but de se livrer à de la prostitution.

Aveuglement volontaire

L'avocat du propriétaire, Me Robert La Haye, a reconnu «que certains actes isolés, exécutés par des danseuses dans les isoloirs sont contre la politique de l'établissement». Il a toutefois soutenu que les employées avaient agi ainsi pour obtenir un surplus d'argent.

La Régie rétorque que le propriétaire a aménagé des alcôves à l'aide de rideaux et de plexiglas opaque. Il a donc «créé une situation d'aveuglement volontaire où ce qu'on ne voit pas n'a pas lieu», assène-t-elle.

Le propriétaire du bar, Henri Lahaie, s'était engagé par deux fois à tenir son personnel en bride et à empêcher la vente de drogue dans son établissement. Il avait signé un document en ce sens devant la Régie en 1993. Mais en 2002, il a de nouveau été convoqué par l'organisme gouvernemental parce que des transactions de stupéfiants avaient toujours lieu.

«Les mesures prises par le titulaire à la suite des convocations passées devant la Régie et les engagements, pris en 1993 et 2002, n'ont pas donné les résultats attendus, peut-on lire dans la décision, de sorte que le titulaire a continué d'exploiter son permis et ses autorisations de manière à nuire à la tranquillité publique.»

Son permis est donc suspendu pour 60 jours.