Parti de la Colombie-Britannique pour aller fêter l'ouverture d'une nouvelle franchise des Hells Angels en République dominicaine, Jason Arkinstal a vu son voyage brusquement interrompu, dans la nuit de lundi, quand il a été arrêté dans un boîte de nuit à la mode au centre-ville de Montréal.

Membre à part entière du chapitre de Mission City, petite municipalité montagneuse à l'est de Vancouver, Arkinstal, 35 ans, trinquait avec des amis au Club Opéra, coin de Sainte-Catherine et Saint-Laurent, quand il a été interpellé pour des bris de conditions. Après avoir fini la nuit en cellule, il a été conduit au palais de justice devant le juge Gilles Garneau, de la Cour du Québec.

 

Lors de la comparution, Arkinstal était tellement pressé de reprendre sa liberté qu'il a plaidé coupable et a acquitté sur-le-champ les amendes de 250$ et 500$ qui lui ont été imposées par le tribunal. Il a ensuite pris le chemin de l'aéroport Montréal-Trudeau où l'attendaient des Hells Angels québécois. Le groupe s'est envolé vers la République dominicaine.

À l'instar d'autres motards venus d'un peu partout au Canada et d'ailleurs dans le monde, Arkinstal s'est rendu à Cabarete où aura lieu une grande fête destinée à souligner l'intronisation du nouveau chapitre Dominican Hells Angels Chapter. Issus pour la plupart d'un petit groupe local de motards appelé Los Barracos, ses 10 membres - neuf Dominicains et un Allemand - étaient en probation depuis un an. Attendu de longue date, ce «patch over», selon l'expression du milieu, est prévu pour samedi prochain.

En créant un nouveau chapitre dominicain, les Hells Angels québécois espèrent consolider leur emprise sur les activités illicites dans ce pays des Antilles. Comme c'est le cas depuis plus de 30 ans pour plusieurs pégriots québécois, la République dominicaine sert de base de repli, de villégiature et d'investissement aux Hells Angels. Tout en continuant à diriger leurs affaires au Québec, les motards y achètent hôtels, maisons, condos et petits commerces. Ils sont particulièrement actifs à Cabarete, Sosua et Puerto Plata. La mafia est davantage présente du côté de Boca Chica.

«Tout ce beau monde gangrène le pays», s'inquiètent les policiers. C'est sans compter que la République dominicaine est collée sur Haïti, autre pays où non seulement la corruption règne, mais qui sert aussi de tremplin au trafic de drogue en provenance de la Colombie. En novembre, une dizaine de Québécois portant un dossard des Hells Angels y ont fait une incursion à moto qui n'est pas passée inaperçue, dans le nord-ouest d'Haïti. Le cortège était dirigé par Aurèle Brouillette, 57 ans, du chapitre de Trois-Rivières, un des principaux supporteurs du gang nouvellement créé en République dominicaine.

À peine libéré par la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC), le vétéran Hells Angels Gaétan Comeau, 60 ans, du chapitre de Montréal (Sorel), s'est empressé de renouveler son passeport en vue de participer à l'inauguration du chapitre dominicain, le week-end prochain.