Deux nouvelles victimes ont été extirpées des décombres dimanche, portant le total des dépouilles retrouvées à 35. Un peu plus d'une semaine après la tragédie de Lac-Mégantic, l'ambiance était au recueillement de part et d'autre des immenses clôtures qui délimitent la «zone rouge».

Les fouilles ont été ralenties parce que deux édifices chambranlants qui représentaient un risque pour les équipes de secours ont dû être démolis. Les opérations de démolition ont débuté vers 14 h. «Ces structures instables rendaient le site extrêmement dangereux pour les intervenants. C'étaient des commerces et possiblement des logements. Il est très possible qu'on y retrouve des victimes», a expliqué Michel Forget, porte-parole de la Sûreté du Québec (police du Québec).

«Les températures sont très élevées, ça ralentit les opérations», a ajouté M. Forget.

Trois pompiers ont été blessés au cours de la journée, mais n'ont pas été hospitalisés. Un autre employé, qui pompait du liquide d'un wagon, a été victime d'un malaise et a été transporté dans un hôpital où son état est jugé stable.

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Samedi midi, les policiers et les pompiers qui fouillaient les ruines du centre-ville de Lac-Mégantic ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes qu'ils tentent de rendre à leur famille, a relaté la Sûreté du Québec lors de son point de presse quotidien.

Cinq autres victimes avaient été retrouvées hier. Neuf ont été identifiées jusqu'à maintenant, dont une vaste majorité de jeunes adultes. 15 autres présumés décédés n'ont pas encore été trouvés.

Le travail avance, mais il en reste pour «des jours, des semaines», a indiqué Michel Forget, grand patron des communications à la Sûreté du Québec. «La scène a été morcelée et numérotée, a-t-il précisé. Chaque fois qu'on arrive dans une zone, c'est semblable à une fouille archéologique. On fouille pierre par pierre. On découvre pièce par pièce.»

M. Forget a ajouté que les ruines du Musi-Café, le bar où plusieurs des victimes de la tragédie auraient perdu la vie, avaient commencé à faire l'objet de recherches. Cette zone «a commencé à être fouillée», mais le travail est loin d'être «terminé», a-t-il indiqué. «C'est un des endroits les plus complexes.»

Les rares bâtiments qui tiennent encore debout ont aussi été inspectés samedi, afin de vérifier si des cadavres s'y trouvaient. «Ce n'était pas le cas», a indiqué le haut gradé.

Michel Forget a expliqué que ses hommes travaillent dans des conditions infernales pour mener à bien leur travail. «C'est extrêmement chaud, c'est extrêmement toxique, mais on poursuit», a-t-il affirmé.

Du côté de l'enquête, des rencontres entre les forces de l'ordre et la Couronne se poursuivent «au quotidien», a-t-il assuré, se refusant à écarter toute hypothèse de travail des enquêteurs. Celle de la négligence criminelle en fait évidemment partie. «Il n'y a aucune arrestation qui a eu lieu au moment où je vous parle.»

Il est aussi revenu sur les raisons pour lesquelles le grand patron de la MMA Ed Buckhardt s'était vu refuser l'entrée dans la zone jaune lors de sa visite, alors que plusieurs politiciens avaient pu s'y rendre. «Il n'avait pas d'affaires là», a-t-il dit d'un ton ferme et sans appel. Il n'a toutefois pas voulu en dire davantage.

Dépouilles identifiées

Les dépouilles de sept jeunes ont été formellement identifiées dans les derniers jours, permettant au Bureau du coroner de rendre publique leur identité.

Frédéric Boutin (19 ans), Kathy Clusiault (24 ans), Élodie Turcotte (18 ans), Yannick Bouchard (36 ans), Karine Lafontaine (35 ans), Maxime Dubois (27 ans) et Mélissa Roy (29 ans) sont morts dans la nuit de vendredi à samedi quand un convoi pétrolier a déraillé au centre-ville de Lac-Mégantic.

Selon les informations qui circulent sur place, beaucoup de ces jeunes se trouvaient à l'intérieur du Musi-Café.

Ces victimes s'ajoutent à Éliane Parenteau, une dame de 93 ans dont le corps a été identifié il y a trois jours.

Une fois les dépouilles identifiées, le Bureau du coroner avertit les proches. Ce n'est que 24 heures plus tard que les noms sont rendus publics.

Fin de l'hébergement à la polyvalente

La Sécurité civile a aussi annoncé samedi que les sinistrés de la ville qui sont sans ressources ne seraient plus hébergés à la polyvalente Montignac, qui leur servait d'abri depuis la nuit de la catastrophe.

Il n'en reste qu'une poignée et ils seront relogés ailleurs à Lac-Mégantic.

«Nous travaillons maintenant à fournir aux individus sinistrés un environnement plus stable qui va contribuer à améliorer leur qualité de vie, a indiqué Christine Savard, porte-parole de l'organisation. On parle de vrais lits, minimalement.»

Tous les services d'appui à la population seront toutefois maintenus dans l'école secondaire locale. Les Méganticois pourront donc continuer à y obtenir de l'aide psychosociale, bénéficier de la banque alimentaire et utiliser les services de la Croix-Rouge.

Avec La Presse Canadienne