Au début du mois de juillet 2012, un mois après l'arrestation de Luka Rocco Magnotta, la défense a tenté d'embaucher le psychiatre Gilles Chamberland comme expert. Mais celui-ci était déjà réservé par la Couronne.

C'est ce que le jury a appris hier, alors que Me Luc Leclair, avocat de l'accusé, contre-interrogeait le Dr Chamberland. Par ses questions, Me Leclair reprochait au Dr Chamberland d'avoir un parti pris pour la Couronne, et d'avoir bâclé son rapport concernant la responsabilité criminelle de l'accusé. Me Leclair a aussi reproché au psychiatre d'avoir donné de nombreuses entrevues, en mai 2012, quand l'affaire a éclaté. À l'époque, le psychiatre répétait que, avec les informations dont il disposait, Magnotta (qui n'était pas encore arrêté), semblait très bien savoir ce qu'il faisait et ne paraissait pas atteint d'une maladie mentale qui le rendait irresponsable de ses actes. Il disait de Magnotta qu'il était un psychopathe et un sadique pervers.

Le Dr Chamberland a rétorqué qu'en 2012, Me Leclair ne se formalisait pas du fait qu'il avait donné des entrevues dans les médias, puisqu'il était prêt à l'embaucher malgré cela. « Vous m'avez même dit que j'étais votre deuxième choix », a rétorqué le Dr Chamberland.

« Vous êtes sûr que c'était le deuxième, pas le quinzième », a ironisé Me Leclair ?

Le jury a aussi appris que par la suite, Magnotta a refusé de rencontrer le Dr Chamberland, de même que tout autre psychiatre retenu par le ministère public.

Le Dr Chamberland, dernier témoin de la contre-preuve du ministère public, a fini de témoigner hier après-midi. C'est donc dire qu'après un peu plus de deux mois, le procès arrive à sa dernière étape.

Rappelons que Luka Rocco Magnotta, 32 ans, est accusé du meurtre et du démembrement de l'étudiant chinois Lin Jun, le 25 mai 2012. On lui reproche aussi d'avoir expédié des parties de corps à des partis politiques et à des écoles de Vancouver, et d'avoir harcelé le premier ministre Stephen Harper et les membres du Parlement.