Loin d'être aveugles ou négligents, bien des parents réclament vainement de l'aide, s'inquiète le psychiatre Louis Morissette. «Pour un garçon qui inquiète, qui s'isole, qui ne veut plus manger à table, c'est très compliqué d'avoir des services en santé mentale. Depuis quelques années, l'accès s'est détérioré», estime-t-il.

«Certains parents menacés par leur enfant sont soulagés quand quelqu'un d'autre porte plainte contre lui, parce que judiciariser accélère l'obtention de ressources», renchérit le Dr Martin Gignac.

«À mon avis, la protection de la jeunesse a aussi abandonné les 16-17 ans avec des troubles de comportement, parce qu'elle ne les traite pas, ajoute le Dr Morissette. Les unités de protection ne sont pas barrées, sauf celles qui reçoivent les jeunes au maximum deux semaines. Si j'étais parent, je capoterais bien raide. C'est pour ça qu'ils veulent les envoyer ici, à Pinel, derrière quatre portes en métal.»

Aux États-Unis, c'est la même chose. Le printemps dernier, la mère d'Elliot Rodgers a vainement avisé la police que son fils de 22 ans diffusait des vidéos inquiétantes. Les policiers n'ont jamais pris la peine de les visionner. Ni même de consulter leur registre des armes à feu, où étaient enregistrés les pistolets de Rodger. Trois semaines plus tard, le Californien de 22 ans abattait six personnes à Isla Vista, blâmant les femmes pour tous ses malheurs. Comme Marc Lépine. Ébranlée par ce ratage, la Californie a adopté cet automne une loi qui permet aux citoyens de réclamer en cour la saisie des armes détenues par un membre de leur famille.