Une agence afghane à laquelle a déjà été confiée la garde d'insurgés capturés par les Canadiens à Kandahar, en Afghanistan, affirme dans un rapport avoir documenté près de 400 cas de torture à la grandeur du pays.

Ce rapport de la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan, dont La Presse Canadienne a obtenu une copie traduite, fait surface alors que le chef d'État-major des Forces canadiennes, le général Walt Natynczyk, vient de confirmer que le transfert de prisonniers aux autorités afghanes a été interrompu à plusieurs reprises en raison d'inquiétudes quant à leur sûreté.

Au terme d'une conférence internationale sur la sécurité, à Halifax, le général Natynczyk n'a pas voulu préciser le nombre des transferts ayant été interrompus.

Le gouvernement fédéral a reconnu publiquement un seul cas où l'armée a cessé de confier aux Afghans la garde de prisonniers - en novembre 2007 - en raison de préoccupations relatives à la torture.

Le général Natynczyk a expliqué ne pas vouloir donner de détails à ce sujet parce qu'il ne voulait pas devancer les déclarations que doivent faire d'anciens commandants militaires lorsqu'ils seront entendus cette semaine par un comité spécial de la Chambre des communes.

L'ancien diplomate Richard Colvin a lâché une bombe, la semaine dernière, lorsqu'il a prétendu que tous les insurgés capturés par les Canadiens avaient été torturés au début de la mission du Canada en Afghanistan.

Le gouvernement conservateur du premier ministre Stephen Harper a répliqué en jugeant que les propos tenus par M. Colvin n'étaient que des rumeurs sans fondement, ajoutant qu'ils n'étaient «tout simplement pas crédibles».

Néanmoins, dans un document datant d'avril 2009, la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan a indiqué avoir découvert 47 cas de mauvais traitements à Kandahar, au troisième rang quant au nombre de cas de torture qui auraient eu lieu à la grandeur du pays.

Selon l'organisme, 14% des cas répertoriés ont impliqué la Direction nationale de la sécurité (DNS) de l'Afghanistan, service de renseignement afghan.

Les forces de l'OTAN, incluant celles du Canada, remettent habituellement leurs prisonniers à la DNS.