À quoi rêvaient les hommes préhistoriques ? Il n'est pas impossible qu'ils aient eu les mêmes interrogations existentielles que nous. Une chose est sûre, nos lointains ancêtres ont laissé des traces artistiques qui nous lancent sur de nombreuses pistes. À l'occasion de l'arrivée à Montréal de l'exposition sur la grotte de Lascaux, La Presse fait le point sur les dernières recherches.

Découverte

Il aura suffi d'un chien facétieux. Et d'un adolescent curieux. En septembre 1940, dans une France récemment tombée sous la coupe de l'occupant allemand, Marcel Ravidat découvre que l'anfractuosité où s'est caché son chien est plus profonde qu'il n'y paraît de prime abord. Soupçonnant qu'il s'agit d'un passage secret vers le manoir du village voisin de Montignac, il se faufile dans le passage de moins d'un

demi-mètre de haut. Émerveillé par les peintures qu'il y découvre, il alerte son instituteur, qui, à son tour, y fait venir l'abbé Henri Breuil, sommité mondiale de l'art rupestre. Ce dernier, à 63 ans, rampe jusqu'aux peintures. Une telle témérité de la part d'experts émérites de l'art préhistorique n'a rien d'unique : le responsable du secteur aux éditions du Seuil, le préhistorien Jean Clottes, apprendra la plongée à 69 ans, en 2002, pour faire un relevé des peintures de la grotte Cosquer, dans les calanques de Marseille.

Le pape de la préhistoire

L'abbé Henri Breuil est le premier à faire le relevé des peintures de Lascaux. On le décrit comme le « pape de la préhistoire », lui qui a été mêlé à la découverte des premiers sites d'art pariétal en France, en 1901. Cette découverte confirmait que le site d'Altamira en Espagne, mis au jour en 1879, ne relève pas du canular. Son livre Quatre cents ans d'art pariétal, paru en 1952, l'a consacré comme une autorité en la matière.

Détérioration

Dès les années 50 paraissent les premiers rapports faisant état d'une dégradation des peintures de Lascaux. Le dioxyde de carbone exhalé par les milliers de visiteurs qui s'y rendent chaque année ainsi que les variations de température et d'humidité favorisent l'apparition de champignons. Il ne s'agit pas du seul exemple de fresques anciennes qui pâtissent de leur mise au jour. Ainsi, l'accès à plusieurs fresques romaines dans la capitale italienne est sévèrement restreint.

Reproductions

Quand le ministre de la Culture, André Malraux, ferme la grotte de Lascaux au public, en 1963, commence le processus qui mènera à l'exposition au Centre des sciences de Montréal. Des relevés sont faits dans les années 70 pour fabriquer une reproduction d'une partie des peintures, au sommet de la colline où est située la grotte. « Lascaux II » ouvre en 1983. Mais des agences parviennent encore à soudoyer les gardiens, suscitant des rumeurs que la grotte est en péril. « L'UNESCO a demandé en 2000 un relevé prouvant que Lascaux n'était pas menacée », explique le directeur de l'exposition itinérante, appelée Lascaux III, le journaliste scientifique Olivier Retout. « C'est là qu'on a décidé de fermer Lascaux II pour éviter la dégradation par le trafic automobile et les visiteurs au-dessus de la grotte. Et on a décidé de lancer un autre musée, situé loin de la grotte, qui remplacerait Lascaux II. » Lascaux IV, qui coûtera de 50 à 60 millions d'euros (75 à 90 millions de dollars), ouvrira en 2016 et comprendra tant le musée actuel Lascaux II que l'exposition itinérante, qui met en vedette des sections de la grotte qui n'ont pas encore été reproduites dans des musées.

L'exposition

Les 11 éléments de grotte installés dans une nef (à titre de comparaison, le musée Lascaux IV en contiendra 63) seront le clou de l'exposition au Centre des sciences. Les peintures de ces sections de Lascaux y sont fidèlement reproduites, de même que la topographie des parois de la grotte. Une longue vidéo montrant l'intérieur de toute la grotte, et de courtes vidéos sur la préservation et l'interprétation des peintures, seront aussi présentées. Des artefacts préhistoriques retrouvés dans la grotte et des panneaux explicatifs sur les recherches en art préhistorique complètent la section « Lascaux III » de l'exposition. Deux panneaux montrant des exemples québécois et internationaux d'art rupestre ont été conçus ici.

Art pariétal : art rupestre effectué sur les parois d'une caverne.

Définitions

Art rupestre : art préhistorique exécuté sur une paroi rocheuse, au moyen d'incisions ou de peinture. En français,

le terme désigne généralement les sites extérieurs.

Art pariétal : art rupestre effectué sur les parois d'une caverne.