La Commission d'enquête sur le processus de nomination des juges est devenue «une espèce de match», une «joute d'image» dont il ne sortira probablement rien de plus, estime la chef du Parti québécois, Pauline Marois.

Dans sa première sortie publique depuis le début des audiences de la commission Bastarache, Mme Marois a durement critiqué la direction qu'ont prise les travaux, mercredi, à l'occasion de la réunion du caucus du PQ, cette semaine, à Salaberry-de-Valleyfield. «On le voit tous les jours: qui va dire la vérité, qui ment? Est-ce qu'il a tenu le coup, est-ce qu'il va tenir le coup? Dans le fond, les Québécois veulent savoir la vérité. Je n'ai pas le sentiment qu'on va en savoir beaucoup plus que ce qu'on voit maintenant.»

Mme Marois croit que la commission Bastarache passe à côté de l'essentiel. Même si le témoignage de Marc Bellemare a constamment mis le gouvernement Charest dans l'embarras, elle a répété que la «véritable» commission d'enquête devrait porter sur le milieu de la construction.

«On ne s'attaque pas au vrai problème. Ce que les gens nous ont dit, c'est qu'il faut qu'il se passe quelque chose de sérieux. Il faut cette fameuse commission d'enquête pour que les liens avec les donateurs du Parti libéral, la collusion entre les entreprises pour obtenir des contrats soient examinés. Et seule une vraie commission d'enquête publique va pouvoir faire la lumière là-dessus.»

Malaise

Véronique Hivon, députée de Joliette et critique du PQ en matière de justice, a quant à elle évoqué le «malaise grandissant» des Québécois devant la tournure des événements. «Ça ressemble de plus en plus à un procès entre deux personnes. Une commission d'enquête, ce n'est pas ça: c'est la recherche de la vérité, c'est pour aller au fond des choses. Là, on cherche un gagnant entre deux personnes et je ne pense pas que les Québécois vont être gagnants.»

Bernard Drainville, le nouveau critique péquiste en matière d'affaires intergouvernementales, estime pour sa part que le gouvernement Charest est tellement «empêtré dans ses propres problèmes» qu'il ne peut plus défendre les intérêts du Québec.

À court terme, la priorité de M. Drainville sera de lutter pour le maintien intégral du registre des armes à feu, sur lequel un vote crucial sera tenu ce mois-ci à Ottawa. Si le gouvernement Harper décide de le démanteler, «nous, au PQ, on pense que le Québec devrait le gérer. On va demander à récupérer la portion québécoise du registre des armes à feu pour s'assurer que nos filles à Polytechnique ne soient pas mortes pour rien.»