L'ex-employée d'une ligne québécoise de voyance très connue (que nous ne pouvons nommer, car la Montréalaise craint pour sa sécurité) a accepté de passer aux aveux. Voici son témoignage:

C'est comme si on était les pushers et que les clients étaient les junkies. Ils espèrent tellement qu'on leur dise ce qu'ils veulent entendre ! Des femmes appelaient depuis trois ou quatre ans. Elles prenaient de l'argent sur la carte de crédit de leur compagnie ; leur business est quasiment passé dedans. 

Une cliente appelait même pour savoir si son mari, qui la battait, allait lui revenir en sortant de prison. C'est du bien pauvre monde... Mais les voyantes, ça parle souvent en mal des clients. Tu les entendais dire : "Elle est payante, la crisse de folle !" Ils ne sont pas là pour avoir de la compassion. Quand bien même les clients se mettraient à la rue, c'est pas grave. On essaye de les tenir le plus possible. Plus c'est dépendant, plus c'est payant. La règle est simple : tu dis juste du positif, pis juste ce qu'ils veulent entendre.

La femme qui veut un gars, tu lui dis toujours que ça va marcher. Quand elle va voir que ça n'arrive pas, elle va rappeler pour savoir ce qui se passe. Alors là, tu prends une autre tournure avec. Tu lui dis qu'il est arrivé un imprévu, pis bla bla bla.

Souvent, les voyantes vont se parler entre elles pour s'assurer de dire les mêmes affaires. Quand le client appelle, il a à peine ouvert la bouche qu'elles lui débitent tout. Et lui, il pense : elle est donc bien bonne ! On a trouvé une façon d'exploiter le monde. Voir si, à travers un téléphone, on peut prédire l'avenir ! Même quand on a des intuitions, on ne va pas en avoir du matin au soir, à longueur d'année.

Il y avait des voyantes qui buvaient, d'autres qui avaient des gros problèmes de jeu. Plusieurs étaient sur l'aide sociale et faisaient 2000 $ par mois grâce aux appels. La compagnie se sert de nos problèmes pour nous faire travailler pour elle. Et on devient dépendant des dépendants qui nous appellent. C'est un cercle bien vicieux.