La Société de transport de Laval (STL) va transformer deux de ses autobus hybrides en bus électriques qui seront dotés de la plus longue autonomie de service de tous les véhicules de ce type actuellement en circulation au Québec.

Le gouvernement du Québec, la STL et deux partenaires privés vont investir un total de 8,5 millions pour la recherche, la transformation de ces deux véhicules et la réalisation d'un banc d'essai de 18 mois, pour mettre au point et tester une technologie procurant des économies de carburant de 50 % par rapport à un autobus diesel ordinaire.

Selon le directeur des affaires métropolitaines et des relations avec les partenaires à la STL, Nicolas Girard, l'objectif de ce projet « est de tester en milieu urbain une technique d'autobus électrique avec prolongateur d'autonomie, qui peut se recharger pendant la nuit, au garage, mais qui peut aussi être rechargé en quatre minutes, en cours de service, sur une borne de recharge rapide ».

Pour cette expérience de transformation, la STL s'est associée à la firme québécoise TM4, filiale d'Hydro-Québec, qui produit le moteur électrique et le système de propulsion, et qui est actuellement très active en Chine, où la conversion à l'électricité des parcs d'autobus urbains avance à vitesse grand V.

L'autre partenaire de la STL est le fabricant mondial de moteurs diesels Cummins, qui produit un nouveau moteur à haute efficacité énergétique pour alimenter la génératrice du moteur électrique.

Un premier autobus hybride de la STL se trouve déjà aux installations de Cummins, en Ohio, pour subir les transformations mécaniques nécessaires. Dès l'automne prochain, on prévoit entamer une longue série de tests et d'essais sans passagers, qui s'étaleront sur 18 mois, avant que le nouveau bus électrique soit mis en service régulier dans les rues de Laval.

DES CIRCUITS 100 % ÉLECTRIQUES ?

Des autobus 100 % électriques, construits à Saint-Eustache par Nova Bus, une filiale de Volvo, sont déjà en service dans les rues de Montréal. Dans le cadre du programme Cité Mobilité, la Société de transport de Montréal (STM) a mis en service trois de ces autobus sur la ligne 36 Monk, qui fait la navette entre le Sud-Ouest et le quartier des affaires depuis un mois. L'expérience doit se poursuivre jusqu'à la fin de 2019.

Ces autobus possèdent une autonomie de 15 à 25 kilomètres avant de devoir être rechargés, en bout de ligne.

Selon Nicolas Girard, TM4 et Cummins promettent une autonomie d'« un minimum de 35 kilomètres » pour les nouveaux autobus de Laval.

Une telle autonomie, dit le directeur de l'entretien et de l'ingénierie de la STL, Sylvain Boucher, serait suffisante pour assurer un service entièrement électrique sur au moins une douzaine des circuits actuels de la Société.

« Un autobus hybride, en fait, c'est déjà un autobus électrique, explique M. Boucher. En système série, les roues de l'autobus sont mues par un moteur électrique alimenté à l'aide d'une génératrice qui, elle, fonctionne au diesel. »

« Dans le cadre du projet, on veut faire un autobus qui est plus électrique. Ça prend une batterie de plus grande capacité et un système pour brancher le véhicule afin de recharger la batterie. »

« Nous allons aussi utiliser un moteur thermique Cummins beaucoup plus petit que les moteurs actuels pour faire tourner la génératrice qui alimente le moteur électrique. »

ÉCONOMIES DE CARBURANT ET GES

Selon lui, ces dispositifs permettront de réduire de 50 % les coûts de carburant, par rapport à un autobus diesel ordinaire. En comparaison, les véhicules hybrides actuels offrent une économie de carburant de 25 à 30 % par rapport aux véhicules diesels.

« L'avantage sur le plan du service, c'est que si la charge électrique s'épuise, l'autobus peut poursuivre sa route grâce au moteur thermique », dit le directeur de l'entretien et de l'ingénierie de la STL.

Pour Nicolas Girard, la technologie testée apparaît surtout « comme la solution idéale pour effectuer la transition entre les autobus hybrides actuels et les futurs véhicules tout-électriques » qui devraient équiper tous les parcs d'autobus urbains du Québec à partir du milieu de la prochaine décennie.

« Le déploiement sur cinq ans d'une telle technologie dans les réseaux québécois d'autobus urbains permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 730 tonnes de CO2, ce qui équivaut à retirer annuellement 1400 véhicules légers de nos routes », selon le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles du Québec, qui finance la moitié du projet de la STL au moyen d'une subvention de 4,25 millions provenant du Fonds vert.