Ils étaient huit et prenaient place à bord de deux véhicules. Jeudi midi, deux Français et six Québécois, dont l'un possédant la nationalité américaine, mettaient le cap sur Washington. Or, leur équipée s'est terminée abruptement au poste frontalier de Lacolle, après qu'ils eurent informé les douaniers de leur intention de prendre part à la Marche des femmes d'hier.

« On a présenté nos passeports et l'agent nous a demandé où nous allions. Nous avons simplement répondu qu'on voulait aller à la Marche des femmes, à Washington. Il nous a dit de nous ranger pour une inspection supplémentaire », raconte Sasha Dyck, infirmier montréalais ayant fait ses études en Indiana, aux États-Unis.

L'homme raconte que les douaniers ont inspecté les véhicules, qu'ils leur ont demandé, à lui et ses camarades, de vider leurs poches et qu'ils ont demandé les codes de leur téléphone cellulaire pour les déverrouiller.

« Nous avons attendu deux heures sans que l'on nous pose plus de questions. Puis nous avons tous été refoulés et ils nous ont clairement dit que nous n'étions pas les bienvenus cette fin de semaine en nous avisant de ne pas essayer de revenir », raconte le père de deux enfants, ajoutant que les deux Français s'étaient fait dire que « la prochaine fois qu'ils voudraient entrer aux États-Unis, ils auraient besoin d'un visa ».

Ironiquement, M. Dyck possède la double nationalité, mais son passeport américain étant périmé, il a présenté son passeport canadien à la douane.

« Je vais m'en occuper dès maintenant », lance-t-il, conscient que son autre passeport ne lui aurait peut-être pas apporté de soucis à la frontière. Il reste cependant philosophe. « J'y allais pour envoyer le message aux gens de partout dans le monde que les Américains eux-mêmes ne se rangent pas tous derrière le président. Finalement, être refoulé à la frontière m'aura permis de parler aux médias et de passer mon message de toute façon », se console l'homme qui a finalement participé au rassemblement montréalais, hier.

D'autres cas rapportés

Un autre Montréalais, Joseph Decunha, a raconté à la CBC que l'accès aux États-Unis lui avait aussi été refusé jeudi soir. L'agent des services frontaliers du poste de Lacolle aurait directement demandé au jeune homme et aux deux autres personnes qui l'accompagnaient - des Américains - s'ils étaient « pro-Trump » ou « anti-Trump ». Déclarant se rendre à Washington pour l'investiture et pour la marche, l'étudiant en physique a été forcé de faire demi-tour. Ses compagnons, bien qu'ayant reçu l'autorisation de traverser, sont revenus à Montréal avec lui.

Questionnés sur la situation par La Presse, un représentant des U.S. Customs and Border Protection a déclaré que « la participation à une marche n'était pas interdite », mais qu'il « ne pouvait pas discuter des cas individuellement, pour des raisons de sécurité ». Dans la réponse fournie par courriel, le relationniste Kris Grogan ajoute que les douaniers « s'efforcent de traiter tous les voyageurs avec respect et de manière professionnelle, tout en gardant comme objectif de protéger les citoyens américains ainsi que les visiteurs ».