Le nombre de transactions financières qui pourraient être liées au financement du terrorisme au Canada ou représenter une menace à la sécurité nationale a plus que doublé en deux ans, selon les plus récentes données compilées par le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE).

Cette situation inquiète le ministre des Finances Joe Oliver au plus haut point. Le grand argentier du pays lancera d'ailleurs aujourd'hui un appel à la plus grande vigilance dans le cadre d'une conférence sur le crime financier à Toronto.

Selon les dernières données de CANAFE, le signalement de transactions financières aux forces de l'ordre, aux services de renseignement et à l'Agence des services frontaliers du Canada parce qu'elles pourraient avoir un lien avec des activités terroristes ou représenter une menace à la sécurité du pays est passé de 204 cas en 2011-2011 à 234 cas en 2012-2013 et atteindre 411 cas en 2013-2014.

Selon nos informations, ces transactions financières suspectes ont été faites surtout dans les grandes régions urbaines comme Toronto, Montréal et Vancouver.

Petites sommes

Selon CANAFE, les groupes terroristes utilisent des techniques semblables à celles utilisées par le crime organisé pour le blanchiment d'argent pour ne pas attirer l'attention des forces de l'ordre. Ils cherchent ainsi à protéger l'identité de leurs commanditaires et évidemment des bénéficiaires des fonds amassés.

Mais contrairement au blanchiment d'argent, « les opérations financières liées au financement des activités terroristes sont en général constituées de petites sommes. Par conséquent, lorsque les terroristes recueillent des fonds de sources légales, il est donc plus difficile de détecter et de suivre la trace de ces fonds. »

En février, le ministre Oliver a d'ailleurs demandé au comité des finances de la Chambre des communes de se pencher sur ce phénomène préoccupant et de proposer au gouvernement conservateur des mesures pour tarir les sources de financement illicites utilisées par des troupes terroristes. M. Oliver avait fait cette demande au comité des finances dans la foulée de la découverte par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d'une cellule terroriste active à Ottawa au début de l'année.

Plus précisément, le ministre avait invité le comité à étudier l'effet du flux de fonds illicites sur les économies mondiales, à proposer des moyens d'améliorer les capacités d'intervention du CANAFE, à évaluer la coopération et les échanges de renseignements entre le Canada et ses principaux partenaires dans la lutte contre le financement d'activités terroristes, entre autres choses.

Le rapport pourrait se faire attendre

Le comité pourrait toutefois être incapable de produire un rapport complet avant la tenue des élections générales du 19 octobre. Il ne reste que deux semaines de session avant l'ajournement des travaux parlementaires. Les députés ne reviendront pas à Ottawa après la pause estivale puisque le premier ministre Stephen Harper doit demander au gouverneur général David Johnston de déclencher les élections générales le 13 septembre au plus tard.

Le gouvernement Harper juge essentiel de s'attaquer aux sources de financement des groupes terroristes. Dépourvus d'argent, ces groupes ne pourront pas acheter les armes et les munitions pour lancer leur offensive terroriste.