La prolongation du trimestre d'hiver au-delà du calendrier prévu dans les cégeps entraîne des difficultés financières pour certains cégépiens, allant jusqu'à mettre en péril la poursuite de leurs cours.

Le programme de prêts et bourses ne prévoit pas de versements en juin ou en août, ce qui laisse plusieurs cégépiens sans le sou. Pour compenser ce manque et éviter des abandons, les directions de plusieurs établissements doivent délier les cordons de leur bourse pour leur venir en aide.

Une situation qui inquiète la Fédération des cégeps qui a tenté d'ouvrir la discussion à ce sujet avec le ministère de l'Éducation.

«Nous avons sensibilisé le ministère de l'Éducation à ces cas de figure. Nous sommes toujours en discussion avec eux, surtout avec les responsables de l'aide financière, de façon à pouvoir couvrir la reprise du trimestre. Nous n'avons pas de conclusions à ce jour», explique la porte-parole de la fédération, Caroline Tessier.

Au Ministère, la porte-parole, Esther Chouinard, se limite à dire que les versements sont faits en fonction du calendrier scolaire 2011-2012. Rien ne semble donc prévu pour les élèves qui doivent terminer leur trimestre d'ici au 30 juin.

Quant à la possibilité d'ajuster l'aide financière en fonction d'une reprise du trimestre d'hiver au mois d'août dans une dizaine de cégeps, la question «est sous analyse», indique-t-on au Ministère.

Plusieurs cégépiens touchés par la grève se retrouvent pris à la gorge, affirme Isabelle Lalonde, élève en sciences humaines au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu.

«Je trouve ça très difficile et je ne sais pas si je pourrai poursuivre jusqu'à la fin. Plusieurs étudiants autour de moi ont choisi de laisser les cours pour travailler plus longtemps cet été afin de ramasser de l'argent pour payer leurs études», déclare-t-elle.

Préoccupée par la situation, la direction du cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu a aidé financièrement près d'une vingtaine de cégépiens grâce à un fonds de dépannage mis sur pied à la suite d'activités de financement.

«Nous essayons d'apporter des solutions pour leur permettre de terminer leur trimestre», indique la conseillère à l'aide financière au cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu, Suzane Méthé.

Du même souffle, elle confirme que «des étudiants pensaient ne pas pouvoir poursuivre et ça les a aidés».

D'autres cégeps qui ont aussi prolongé leur trimestre jusqu'à la fin du mois de juin vivent une situation semblable.

Au cégep de Sherbrooke, où les cours se termineront le 22 juin pour le trimestre d'hiver, 200 demandes d'aide ont été reçues à ce jour. La direction a aidé une grande part de ces cégépiens en leur donnant des cartes d'épicerie prépayées et des chèques personnalisés.

Au cégep de Saint-Félicien, l'apport de la fondation a permis d'aider quelques élèves, note le directeur général de l'établissement, Louis Lefebvre. Les cégépiens qui proviennent de l'extérieur de la région, soit environ 20% de la clientèle, étaient les plus touchés.

«Il n'y a pas eu de problématique associée aux prêts et bourses chez nous puisque le manque à gagner a été compensé par la fondation», explique M. Lefebvre.

Quelque 200 des 900 cégépiens proviennent de l'extérieur de la région. Ils sont principalement inscrits dans les programmes de technique en milieu naturel, tourisme et santé animale.