Un historien affirme qu'il sera difficile d'empêcher les talibans d'influencer les électeurs canadiens, cet automne.Desmond Morton, professeur à l'Université McGill, à Montréal, estime que le premier ministre fédéral Stephen Harper aurait tort de croire que la question de la guerre en Afghanistan est réglée au sens politique.

«Les conservateurs veulent avoir un mois tranquille - ou deux - pour mener leur campagne, mais je ne crois pas que qui que ce soit va le dire ouvertement», a déclaré M. Morton, qui conseillait de façon informelle le premier ministre conservateur Brian Mulroney au sujet de questions militaires.Le nombre de soldats canadiens tués en Afghanistan pourrait bien dépasser le chiffre psychologique de 100, alors que les politiciens de tous les partis feront campagne, au cours de l'automne.

Jusqu'à présent, 97 militaires ont perdu la vie sur le sol afghan, dont quatre lors de la dernière semaine, le dernier d'entre eux dimanche.

M. Morton croit que les talibans, qui aiment chercher à utiliser les médias, auront ce nombre en tête davantage que le gouvernement canadien.

Le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, assure cependant que ce n'est pas le cas.

Selon lui, les conservateurs ont songé à la possibilité d'une recrudescence de la violence en Afghanistan, mais ils estiment que les Forces canadiennes seront en mesure de faire face à la situation.

«La guerre et les talibans ne vont pas faire relâche si nous avons des élections au Canada», a récemment déclaré M. MacKay lors d'une conférence militaire à Calgary.

Même si ce sont les libéraux de Paul Martin qui ont envoyé le Canada à Kandahar, M. Morton prédit que les conservateurs pourraient finir par porter le blâme.

Ils se sont identifiés de près à la mission militaire en Afghanistan et ont à deux reprises prolongé le déploiement de troupes dans ce pays, faisant ainsi fi des sondages laissant entendre que de nombreux canadiens souhaitent que les soldats soient hors de danger.

M. Morton a dit croire que les troupes canadiennes pourraient recevoir l'ordre de se faire discrètes et de chercher à éviter tout danger au cours des semaines à venir.

«Personne ne va le reconnaître devant vous», a-t-il cependant ajouté.