Un gouvernement conservateur majoritaire saccagerait le modèle québécois, a prévenu ce dimanche le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

De passage à Lévis où il s'est adressé aux membres du Forum jeunesse du Bloc québécois, M. Duceppe a constamment attaqué l'idéologie de droite du gouvernement de Stephen Harper, qui constitue selon lui une menace contre les valeurs québécoises.

«Nos amis américains s'apprêtent à tourner la page sur l'ère de l'administration Bush. Ces conservateurs idéologiques qui laissent derrière eux la désolation économique et le feu et le sang dans le monde. Nous mêmes sommes ici confrontés à la même gang (...) le Québec, ce n'est pas les États-Unis de George Bush, nous voulons et nous allons rester Québécois», a lancé M. Duceppe, alors que les rumeurs d'élections générales fédérales se font persistantes.

Devant les jeunes militants, le chef bloquiste s'est dit stimulé par «le bruit des dinosaures du gouvernement Harper», insistant à l'effet que son parti avait la responsabilité de bloquer «le virage de droite que veulent imposer les conservateurs».

Il a longuement énuméré les gestes posés par le gouvernement fédéral qui heurtent selon lui les intérêts du Québec, notamment l'élimination de nombreux programmes dans le domaine de la culture, la compression des fonds destinés aux organismes de développement économique des régions et le rejet des objectifs du Protocole de Kyoto.

«C'est un véritable saccage, une coupe à blanc. Cette idéologie de droite arriérée qui frappe avec jubilation sur ce que nous, Québécois, avons de plus précieux, notre culture et notre langue.»

M. Duceppe a aussi pourfendu le modèle économique de Stephen Harper qui repose, selon lui, sur les sables bitumineux, alors que le Québec prône la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

«En 2002, M. Harper disait que le Protocole de Kyoto était un complot socialiste pour soutirer de l'argent aux pays riches», a-t-il dénoncé, rappelant aussi que le chef conservateur s'était prononcé en faveur d'une participation du Canada à la guerre en Irak.

«Il veut durcir la Loi sur les jeunes contrevenants (...) il s'attaque au registre national des armes à feu, parce que les armes, ils aiment ça les conservateurs, comme aux États-Unis» a-t-il martelé devant les jeunes bloquiste qui scandaient «dehors les dinosaures».

M. Duceppe a répété que, si le premier ministre fédéral maintient son ordre de jour de droite, le Bloc québécois déposera une motion de non-confiance à la première occasion, à l'occasion de la rentrée parlementaire.

Le ministre fédéral du Commerce international, Michael Fortier, interprète cette sortie de M. Duceppe comme une tentative désespérée de favoriser l'élection de Stéphane Dion afin de raviver la flamme souverainiste. «Ce que M. Duceppe ne dit pas, François Legault l'a dit la semaine dernière, c'est que la souveraineté est sur la voie d'évitement, a répliqué M. Fortier au cours d'un entretien téléphonique avec la Presse Canadienne. M. Legault est le seul dans ce mouvement qui sait compter, ce qu'il a dit a secoué le mouvement souverainiste.»

Selon le sénateur conservateur, le Bloc québécois souhaite l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement libéral ultra-centralisateur qui redonnerait de l'oxygène au mouvement souverainiste. «En 2004, le Bloc était moribond et il a été sauvé par le scandale libéral des commandites, mais nous, notre bilan est bon, nous avons reconnu la nation québécoise et réglé le déséquilibre fiscal», a déclaré M. Fortier, ajoutant qu'il est prêt à en découdre avec le chef bloquiste si des élections sont déclenchées.

Selon certaines rumeurs, le gouvernement Harper pourrait toutefois faire en sorte de provoquer lui-même des élections générales dans les prochaines semaines.

Des élections complémentaires sont par ailleurs prévues dans les circonscriptions de Westmount-Ville-Marie, Saint-Lambert et Guelph, le 8 septembre.